Codeine : La Lenteur

Codeine + T-shirt

Transbordeur

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Rock / Evénement pour les fans d'indie rock poussés dans leurs retranchements, avec la venue – la résurrection même – des papes du slowcore américain : Codeine, trio new-yorkais à la lenteur proverbiale et à la carrière météorique, monument de poche de la musique alternative des années 90, séparé il y a presque 30 ans. Ils donnent deux concerts en France dont un ici.

« Le degré de lenteur est directement proportionnel à l'intensité de la mémoire, le degré de la vitesse est directement proportionnel à l'intensité de l'oubli » écrivait le regretté Kundera (il nous a quitté cet été), dans son premier roman écrit en Français, La Lenteur. Il ajoute même, comme aurait pu le faire le philosophe de la vitesse Paul Virilio : « La vitesse est la forme d'extase dont la révolution technique a fait cadeau à l'homme ». Un cadeau empoisonné, donc, on l'aura compris. Il faut croire, ou se laisser croire – à vrai dire on n'en sait rien – que le trio Codeine partageait les idées de Kundera – à défaut de les avoir lues, La Lenteur étant postérieur à leurs premiers morceaux – et s'en était tant imprégné qu'il en avait nourri un concept musical, celui d'une lenteur absolue, maladive, compulsive, idéologique, rebaptisé dans le monde de l'indie-rock, ce chemin parallèle de l'industrie : slowcore. Certes, la chose n'est pas née de leur seul fait, d'autres formations en ont porté le flambeau, plus mélodique et mélancolique comme American Music Club, Red House Painters ou plus tard Spain ou plus abscons comme Idaho ou Low, pour ne citer que les plus "connus", mais Codeine en a sans doute livré la forme la plus radicale et peut-être la moins aimable – mais pas la moins aimée.

Carrière météorique

Accentuant encore les effets de cette lenteur vertigineuse sur scène où le groupe est réputé jouer encore plus lentement – plus lent, on est au point mort et c'est peut-être ce que recherche le groupe : quelque chose comme le ralentissement qui finirait par faire silence, combiné à un minimalisme instrumental qui confine à la disparition. Pas exactement la mélodie du bonheur que cette musique qu'on a tôt fait de rebaptisé aussi sadcore. Pourtant le groupe voudrait sonner « comme Dusty Springfield reprise par The Jesus and Mary Chain ». Paradoxalement, les morceaux de Codeine – mélange de ce qu'on appellera le post-rock, de jazz expérimental et de dream pop – sont aussi lents que la carrière du trio fut météorique. En 1994, après deux albums, The Frigid Stars et The White Birch, et un EP, The Barely Real, les gaules sont remballées. Le temps pour ce groupe des plus confidentiels d'être devenu une référence dans sa partie et de s'acoquiner avec quelques maîtres de la musique destructurée (en premier lieu David Grubbs de Gastr del Sol) et de charrier dans son sillage une armée (disons une compagnie) de suiveurs. Car il est des groupes comme ça – on disait cela du Velvet Underground – qui ont vendu fort peu de disques mais que tous ceux qui en ont acheté un ont monté un groupe. Si bien que Codeine fait encore l'actualité 30 ans plus tard (il s'était déjà reformé en 2012 à l'initiative du groupe écossais Mogwaï, très fan) en remontant – lentement, donc – sur scène. Peut-être, reprendront-ils l'une de leurs bizarreries – avec une revisite d'Atmosphere de Joy Division : une reprise d'À l'ombre de nous de Pierre Barouh, tiré de la BO d'Un homme et une femme. Le dernier arrivé a gagné.

Codeine.

Au Transbordeur, mercredi 6 septembre

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