À la Bibliothèque, Willem ou l'arme batave

Willem

Bibliothèque de la Part-Dieu

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Dessin de presse / Pilier de la presse satirique et quotidienne ; auteur de BD lauréat du Grand Prix à Angoulême (même si les prix… bah, « il s’en fout »), Willem dézingue les grands de ce monde depuis plus d’un demi-siècle. La BM de Lyon présente un joyeux florilège de ses œuvres toujours aussi pertinentes.

Peu après l’attentat contre Charlie — auquel il échappa parce qu’il ne goûtait guère au rituel de la conférence de rédaction — Willem a éprouvé le besoin de léguer l’intégralité de son œuvre accompli et à venir à la BNF, histoire de le préserver de la dispersion ou de la destruction. Un trésor (pour le) public dont le Département des estampes et de la photographie est le dépositaire et qu’il a surtout mission d’archiver, ce qui est loin d’être une sinécure puisqu’il se compose de dizaines de caisses à coter, à restaurer. Mais quel trésor !

De cet inventaire à la Prévert (à la pervers pépère parfois) sont extraites les quelque 200 pièces exposées à la BmL, grâce à la complicité de Ça presse ! et des deux co-commissaires Alexandre Devaux et François Forcadell. Au gré d’un parcours chronologique et thématique, on (re)découvre des dessins ayant en commun rigueur du trait et intransigeance de l’esprit : de la revue provo God, Nederland & Oranje à Libé en passant par Hara-Kiri, Willem n’a cessé de vomir les colonialismes, les va-t-en-guerre, les dominants de l’Occident (au sens bourdieusien du terme) en les tournant en dérision vacharde — d’ailleurs, même les vaches sacrées des arts plastiques y passent dans des planches à se rompre les côtes.

Choquer à dess(e)in

Reproduite sur un mur, une phrase de Jean-Christophe Menu — l’un des cofondateurs de la maison d'édition l’Association — dévoile mieux qu’un long discours exégétique (ou aussi bien qu’un bon croquis, allez) ce qui fait l’art singulier de son féroce confrère : « Pourquoi Willem est-il le meilleur ? Il y a plusieurs raisons à ça, l’une d’elles étant que Willem est d’abord un graphiste. Willem voit les choses en signes et en symboles. Comme pour la mise en page de ses bandes dessinées, l’idée de son dessin d’actualité fait corps avec sa réalisation ».

Affichiste efficace, chroniqueur au vitriol, coloriste délicat (même si le noir et blanc reste sa dominante), Willem apparaît aussi comme un expérimentateur, ajoutant des repentirs ici ou recadrant ailleurs ; capable aussi de créer des labyrinthes surcomposés dignes d’Escher ou de Marc-Antoine Mathieu… voire des épures cinglantes qu’envieraient les calligraphes asiatiques. Alors évidemment, d’aucuns pourraient être heurtés par certains dessins. Vu le personnage, si ça fait mal, c’est que c’est bien fait.

Willem, Rire du pire
 À la Galerie - Bibliothèque de la Part-Dieu jusqu’au 3 février 2024

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