Les 10 expos à voir en 2024

Expositions / La nouvelle année réserve des belles découvertes dans nombreux lieux d’art en ville et au-delà, interrogeant notre relation avec le visuel, la nature et l’autrui.

Trans*-anéthol. Jean-François Krebs

© Jean-François Krebs - Lucas Zambon 

Kommet devient la scène d’une gyre synesthésique enivrante ponctuée d’étapes discrètes et captivantes. La persistante senteur anisée de la pièce installe une ambiance éthérée accompagnant la rencontre avec des éléments verriers dont les transparences réverbèrent la lumière forgeant ainsi des prolongations impalpables. Une courbe invisible relie toutes les œuvres créant un dynamisme circulaire : elle se hisse sur les murs pour se terminer sur une enceinte, lieu de manifestation d’une voix déclamant des noms de plantes et de molécules connues pour leur pouvoir d’altération physique et psychique. Avec son installation, Jean-François Krebs propose une découverte multisensorielle d’hybridation avec un monde végétal in absentia.
À Kommet, Lyon 3e, jusqu’au 2 février


Golf Sud. Mabeye Deme

© Mabeye Deme

Figures ectoplasmiques défilant devant les yeux, présences anonymes à la consistance impalpable. S’agit-il d’un rêve ? Une interrogation dont l’instance accompagne l’interminable trajectoire descendant au cœur des images. Ce mouvement plongeant permet de saisir les détails, les intermittences d’un filtre – celui de la toile des tentes installées dans les rues de Dakar – qui occulte et protège, restituant la vue au vacillement, à son incertitude. Les clichés de Mabeye Deme, photographe et réalisateur franco-sénégalais né à Tokyo qui a grandi à Paris, apparaissent comme des images arrachées au spectacle de la rue et projetées dans la brume cotonneuse du songe.
À la galerie Regard Sud, Lyon 1er, du 1ᵉʳ février au 6 avril


Dévisage

© Rebecca Moyrand

Un chiasme se niche au cœur de Dévisage, projet photographique de Rebecca Moyrand, en visite ces prochains jours à la Ferme du Vinatier : regarder et être regardé, inverser les rôles et tenter une traduction fragmentaire en mots de ses propres émotions. Infirmière en psychiatrie, Rebecca Moyrand documente avec un respect bouleversant et une élégance discrète le quotidien de personnes dépressives chroniques, schizophrènes ou souffrant d’addictions. L’étude de la posture cède ainsi la place à l’immédiateté de la monstration des visages, des corps et de leurs détails, témoins de la seule vérité : celle de l’émotion qui n’appartient qu’à elles et eux.
À La Ferme du Vinatier, Bron, du 17 janvier au 23 février


En forêt avec Vincent Munier

© Vincent Munier

 

Naturaliste, photographe et cinéaste, Vincent Munier a consacré sa vie au silence de la recherche et de l’observation, notamment celle de l’affût. Ses reportages photographiques ont été récompensés dans le monde entier mais la consécration auprès du grand public est arrivée à l’occasion de la parution du livre La Panthère des neiges de Sylvain Tesson et à la sortie du film homonyme, retraçant la quête des deux hommes sur les hauts-plateaux tibétains. Le Musée des Confluences consacre une immersion visuelle et auditive dans les forêts, notamment celles des Vosges, lieux de prédilection de Munier, pour une expérience fascinante.
Au Musée des Confluences du 16 février 2024 au 23 novembre 2025


Friends in Love and War — L’Éloge des meilleur·es ennemi·es

© Hetain Patel, courtesy British Council Collection

« L’ami n’est pas un autre moi, mais une altérité immanente dans la mêmeté, un devenir autre du même » (Giorgio Agamben). Le MAC organise une exposition autour du thème de l’amitié, fondement même de la philosophie et moteur des relations humaines. Piochant dans la collection du British Council et du MAC, les commissaires Marilou Laneuville et Melanie Pocock permettent le surgissement de liens inattendus, où le politique rencontre l’imaginaire, l’enfantin, le rêve. Première collaboration avec Ikon Gallery de Birmingham – ville jumelée et « amie » de Lyon – l’exposition est l’événement inaugural du programme « Royaume-Uni/France Spotlight on Culture 2024 Imaginons ensemble », organisé par le British Council afin de célébrer l’amitié franco-britannique.  
Au MAC du 8 mars au 7 juillet


River of no Return. Sylvie Selig

 © Roland Beaufre

Lors de la dernière Biennale, elle avait subjugué le public et la critique avec sa grande installation qui clôturait l’exposition à Fagor, recevant ainsi une consécration tardive mais largement méritée. Son univers étrange est peuplé de sculptures inquiétantes, d’élégants travaux brodés et d’histoires picturales aux agencements cinématographiques. À l’occasion de la grande exposition au MAC, l’ancienne illustratrice de livres pour enfants présentera, outre les œuvres sélectionnées de sa propre collection, River of no Return, l’inédite toile titanesque de 140 mètres qui raconte l’odyssée de trois personnages sur une rivière et leurs rencontres avec l’art contemporain.
Au MAC du 8 mars au 7 juillet


Sous les balcons fleuris. Guillaume Chamahian

Sculpture de Bachar el-Assad

Derrière le titre poétique Sous les balcons fleuris se cache un travail dramatique sur les images d’un Pays, la Syrie, en guerre depuis 2011. Guillaume Chamahian, photographe autodidacte, se confronte dès le début du conflit à l’énorme masse d’images syriennes qu’elles soient officielles, clandestines ou fake news visuelles, intervenant sur celles-ci afin de laisser émerger le « bruit » qui les trahit. Organisée en trois volets, l’exposition se concentre sur la famille el-Assad, sur les Syriens (partisans ou opposants à el-Assad) et sur « César », nom de code donné au photographe qui a pu exfiltrer plus de 50000 clichés, preuves des tortures du régime.
Au Bleu du Ciel, Lyon 1er, du 15 mars au 25 mai


Le musée ambulant. Lectures de Miyazaki

Dick Thomas Johnson, 2019 © Creative Commons 

Les sources d’inspiration des chefs-d’œuvre immortels de Hayao Miyazaki et de son Studio Ghibli seront au centre d’une exposition qui s’annonce comme l’un des événements incontournables du printemps prochain. Une plongée dans la myriade de références visuelles et littéraires nourrissant l’imaginaire du génie japonais afin d’esquisser minutieusement les contours d’une poétique enchanteresse. Si « le bon Dieu niche dans les détails » selon la formule à contre-emploi de Warburg, Le musée ambulant permettra l’émersion de saisissantes découvertes.
Au Musée de l’Imprimerie et de la Communication graphique du 12 avril au 22 septembre


être rares. Giulia Cenci

 Giulia Cenci Courtesy SpazioaA and Giulia Cenci

Première exposition française de l’artiste, être rares attire et repousse, dérange et fascine. Accueillis par un arachnide alien fabriqué à partir de morceaux de machines agricoles, au titre inquiétant de progresso scorsoio (« progrès coulant », en référence au nœud du pendu), nous sommes littéralement amenés à traverser la structure et à nous abandonner à son étreinte mortifère. Libérés de son emprise, nous sommes ensuite propulsés dans un labyrinthe peuplé de figureheads, figures de proue dépouillées de leur ancienne fonction qui, après un premier effroi, révèlent une fragilité intrinsèque, avouant leur secret retentissant dans un anonymat commun et impénétrable.
Au CAP de Saint-Fons jusqu’au 10 février


Lawal Quilcas. Laurent Mulot

 © Laurent Mulot

Avec cette exposition, Laurent Mulot restitue un savoir gisant dans les interstices de la nature. Suivant une expédition scientifique dans la jungle froide du Lac Menedez en Patagonie Argentine, le photographe documente le travail des chercheurs s’attachant à des analyses dendrochronologiques d’un exemplaire millénaire de Fitzroya cupressoide, « lawal » en langue mapuche. Horloge absolue conservant dans sa chair l’histoire climatique ainsi que des cataclysmes cosmiques, l’arbre appartient à un biotope précieux, conservé et respecté par les mapuches : un lien précieux et inéluctable avec la nature se réverbérant dans les sensibles images de Mulot.
À la galerie Françoise Besson, Lyon 1er, jusqu’au 2 mars

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