Locaux locos / Le festival de musiques électroniques Nuits sonores donnera le coup d'envoi des Grandes Locos, ancien technicentre SNCF, futur ''poumon culturel'' de la métropole situé à la Mulatière.
« L'inconnu est dans l'ADN du festival Nuits sonores », temporise Frédérique Joly, co-directrice d'Arty Farty et directrice de Nuits sonores. À quelques jours du début du festival qui a accueilli 102 000 personnes l'année dernière, elle ne cache pas que la pression monte : « On a dû préparer l'événement en moins d'un an. Sur un site pareil, ce n'est pas une mince affaire. »
Le technicentre SNCF est inactif depuis 2019. Devenu les Grandes Locos, il accueillera les ‘'jours'' du festival de musiques électroniques (16h – minuit). De nombreux travaux ont été nécessaires pour répondre aux obligations légales de dépollution, de sécurité, d'inclusivité, mais aussi à l'expérience qu'ont imaginé les équipes de Nuits sonores. « On a trouvé des surprises sous chaque tôle, derrière chaque porte. Il y avait des trous partout, des pointes métalliques qui dépassaient, des toitures dégradées et des verrières fragiles... » énumère Frédérique Joly.
« Les éditions précédentes étaient très simples, on connaissait les anciennes usines Fagor-Brandt par cœur », reprend-elle. L'espace qui accueillait les nuits du festival (22h – 5h) a été récupéré par la Métropole pour en faire un entrepôt du Sytral.
Du vide à perte de vue
Situé à la frontière de la Mulatière avec Oullins-Pierre-Bénite, Le Petit Bulletin a visité les Grandes Locos au début du mois d'avril dernier, à l'occasion de la conférence de presse présentant la prochaine Biennale d'art contemporain qui débutera le 21 septembre prochain, après que le Lyon street food festival ait aussi investi les lieux du 13 au 16 juin.
Les intérieurs, notamment l'atelier 1 et ses voûtes bâties en 1936 témoignent du passé industriel des lieux. Le plus perturbant reste l'immensité du vide, qui s'étale en intérieur (10 000 m² pour l'atelier 1) comme en extérieur. « On se croirait sur une autre planète, hors du temps », décrivait à l'époque Isabelle Bertolotti, directrice artistique de la Biennale d'art contemporain.
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Une friche convoitée
C'est d'ailleurs dans l'atelier 1, ainsi que dans l'atelier 9 appartenant à la SNCF que les deux scènes intérieures de Nuits sonores seront installées. Deux autres scènes seront placées en extérieur. Les bâtiments acquis par la Métropole (les ateliers 8 et 9) sont encore en travaux, et resteront inaccessibles, au moins jusqu'en 2025.
Les équipes de Nuits sonores avaient déjà envisagé d'investir les lieux dès 2013. « Plutôt là où se trouve aujourd'hui le métro Gare d'Oullins » précise Frédérique Joly pour qui la recherche de nouveaux lieux se complexifie année après année, le festival ne cessant de grandir et l'urbanisme lyonnais de se densifier. « On veut garder notre ADN de festival en cœur de ville, dans des lieux industriels. Sinon, ç'aurait été facile, on serait devenu un événement de stade depuis longtemps », déclare-t-elle.
17 millions d'euros investis par la Métropole
La Métropole lorgne aussi sur cette friche depuis quelques années. Reliée à la place Bellecour en 13 minutes de métro, il s'agit d'un des derniers grands espaces vides jouxtant le centre-ville de Lyon. La précédente mandature avait projeté d'y installer une recyclerie culturelle. L'actuel exécutif s'est porté acquéreur des halles 8 et 9, et a investi 17 millions d'euros pour remettre le tout à neuf. Cédric van Styvendael, vice-président à la culture de la Métropole revendique bâtir « un des futurs poumons culturels de la métropole » et évoque l'édification d'un nouveau quartier gravitant autour de cette « implantation culturelle forte », avec un projet immobilier porté par la SNCF ainsi que l'installation d'une brasserie Duvel (encore en négociations).
En attendant de voir cet espace protéiforme se préciser, l'association Arty farty a dû composer avec l'existant, notamment les quelques commerces et artisans locataires sur le site. « Il y a par exemple Vif systems, qui fait pousser des fleurs comestibles, des aromates en hydroponie », raconte Julien de Lauzun, directeur de production d'Arty Farty et directeur adjoint de Nuits sonores. « Il est vraiment en plein milieu du festival, donc on a décidé d'intégrer ses pousses dans de grandes étagères rétroéclairées au sein de la scénographie d'une des scènes ». Prometteur.