Étude / Une nouvelle étude parue début octobre et menée par The Green Room et soutenue par Le Périscope et la Fédération des lieux de musiques actuelles (FEDELIMA) révèle que les spectateurs des salles de musiques actuelles parcourent en moyenne 72 km pour assister à un concert.
L'étude Landscape, réalisée en partenariat avec des acteurs clés du secteur musical, vise à comprendre et réduire l'impact environnemental des déplacements liés aux concerts. Coordonnée par Pierre Dugelay, directeur du Périscope, et Garance Amieux, chargée de coordination au sein de l'équipe du Périscope, elle s'inscrit dans une démarche plus large pour répondre aux défis posés par la transition écologique dans le milieu musical. Une responsabilité qui pèse d'autant plus dans le monde de la culture qu'en 2021, le rapport Décarbonons la culture ! du Shift Project mettait en avant que la culture et les loisirs étaient la troisième cause de mobilité des Français, juste derrière le travail et les achats.
Basée sur l'analyse de données de billetterie fournies par SoTicket (outil de billetterie mutualisé à destination des adhérents des réseaux FEDELIMA), cette étude met en avant la forte corrélation entre la taille des salles et la distance parcourue par les spectateurs. Le panel de cette étude est composé de 42 lieux de musiques actuelles, dont une majorité est constituée de scènes de musiques actuelles. 34 lieux se situent en contexte urbain et 8 en contexte rural ou urbain à environnement rural, selon la typologie définie par la FEDELIMA.
Qu'est-ce que le projet Landscape ?
Depuis un an, le réseau AJC, le Périscope et le Bimhuis ont lancé le projet Landscape, pour accompagner le secteur vers des nouveaux modèles de production de concerts et de tournées éco-responsables à travers des cycles de formations, des rencontres ainsi que des outils et. des études.
Les émissions liées aux déplacements sont disproportionnées pour les grands concerts
Selon les données récoltées, les spectateurs parcourent en moyenne 72 km aller-retour pour assister à un événement, une distance qui peut atteindre 86 km lorsqu'on inclut les trajets de longue distance. L'analyse montre que plus la jauge de la salle est grande, plus les spectateurs viennent de loin. Par exemple, pour les événements accueillant plus de 2 000 personnes, la distance moyenne parcourue est de 122 km, contre 55 km pour des jauges plus petites (environ 100 places).
Cette tendance met en relief la question de l'adéquation entre la taille des événements et leur impact environnemental. En effet, les émissions liées aux déplacements sont disproportionnées dans les grands concerts, surtout lorsque les spectateurs utilisent des moyens de transport polluants comme l'avion pour se rendre à l'événement. Les conclusions de l'étude Déclic (2024), également mentionnée dans le rapport, indiquent que l'avion est souvent utilisé pour des événements de grande jauge, contribuant à l'augmentation des émissions globales de CO2.
Cependant, l'étude soulève plusieurs incertitudes, notamment l'absence de données précises sur les modes de transport utilisés par les spectateurs ou le lieu réel de départ. Bien que l'étude se concentre sur les codes postaux des acheteurs de billets, ces données ne reflètent pas toujours les trajets exacts effectués. De plus, il reste difficile de déterminer la part de déplacements longue distance, comme les voyages en avion, dans les émissions globales liées aux concerts.
72 km parcourus en moyenne pour assister à un concert
L'étude propose plusieurs pistes pour réduire l'empreinte carbone du secteur. D'une part, une meilleure collecte des données de billetterie, incluant le mode de transport et le lieu de départ, permettrait d'affiner les stratégies de réduction des émissions. D'autre part, elle souligne l'importance de sensibiliser le public à des alternatives comme le covoiturage ou les transports en commun, particulièrement pour les trajets courts. Une réflexion sur la réduction des jauges des salles pourrait aussi limiter les distances parcourues par les spectateurs.