"Take London" (Ninja Tune/PIAS)
Désormais bien en place, avec une réputation croissante glanée au fil de concerts français enthousiastes, The Herbaliser sort un cinquième album en forme de "prise de Londres", manière peut-être déguisée de dire que le groupe a bien envie d'être prophète en son pays. Il faut d'ailleurs prendre le disque par la fin pour en saisir le dessein caché : un morceau hommage à Serge Gainsbourg où Katherine (notre Katherine !) raconte sa rencontre au tabac avec le père de Melody Nelson en train d'acheter ses (cinq) derniers paquets de Gitanes, quelques jours avant sa mort. Cette touche francophile n'est pas un hasard : là où leur précédent album (Something wicked this way comes) tentait un téméraire abordage vers la soul, celui-ci revient au cocktail de hip-hop et de funk qui a fait la marque d'Herbaliser, et qui fut passablement expérimentée par le grand Serge en son temps. Faisant fonctionner comme jamais leur prestigieux carnet d'adresse (leur pote Roots Manuva se fend ici d'une prestation toujours aussi classe, les fidèles What What assurent la présence féminine de l'album), ils évitent ainsi les quelques scories dans lesquelles ils auraient pu tomber (notamment celle d'une sauce funky un peu tiède, comme sur le bien nommé Gadget funk). Sans arriver à égaler leur plus grand exploit à ce jour (l'imparable Very mercenary), Herbaliser écrit ici une nouvelle page de son histoire, qui devrait être plus belle encore s'ils viennent la jouer live dans nos contrées.CC