“Ligne de front”, avec Jalil Lespert, de Jean-Christophe Klotz"Les journalistes ne font pas l'histoire, ils sont là pour la raconter !". C'est pour avoir oublié petit à petit cette devise qu'Antoine Rives, caméraman dans une agence de presse, part à la… dérive et les spectateurs avec dans "Ligne de front", de Jean-Christophe Klotz. Voilà un film assez fort qui gratte là où ça fait mal. Moteur…Rwanda, printemps 1994. Le massacre, pardon le génocide, des Tutsis par les Hutus fait rage : des milliers de personnes sont assassinés sauvagement (à la machette, au gourdin…) pour leur seule appartenance à cette ethnie. Journaliste consciencieux, Antoine Rives part sur le terrain en compagnie d'un Rwandais à la recherche de sa fiancée disparue. Sur place, il découvre l'horreur des charniers, l'impuissance des Casques bleus et la folie meurtrière d'un pays livré à l'abandon…Jusqu'où un journaliste peut-il, ou doit-il aller, lorsqu'il est confronté à un drame humain de cette ampleur ? Faut-il poser la caméra pour venir au secours des victimes civiles (au risque d'aggraver la situation) ou au contraire montrer la réalité à un monde occidental qui préfère fermer les yeux ? Si la bonne volonté d'Antoine Rives est évidente, la réponse à cette question l'est moins… Une scène en particulier rappelle cruellement à quel point l'information peut devenir un "produit" dangereux… Dans ce rôle de journaliste baroudeur au grand coeur, Jalil Lespert est plutôt convaincant ; il campe ici un personnage avec conviction, mais peu à peu dépassé par les événements. La mise en scène ne laisse pas indemne : brutalité et violence de certaines images, montage abrupte comme pour mieux signifier le chaos intérieur des personnages… Certains plans de coupe déconcertent : à quoi servent-ils ? Comme s'il ne fallait plus chercher un sens à la vie face à pareille tragédie… Rives se perd, frôle la mort, revient, repart. Tout ça pour ça…Présents sur les conflits du monde entier, les journalistes sont des témoins nécessaires de l'Histoire ; à quelques exceptions près, les choses se gâtent pour eux quand ils veulent en devenir des… acteurs. Et c'est l'un des mérites du film de Jean-Christophe Klotz de nous rappeler ce paradoxe.-BS-

Suivez la guide !

Clubbing, expos, cinéma, humour, théâtre, danse, littérature, fripes, famille… abonne toi pour recevoir une fois par semaine les conseils sorties de la rédac’ !

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X