“Liberté”, de Tony GatlifInspiré de faits réels, le dernier film de Tony Gatlif lève le voile sur une partie sombre et méconnue de la Seconde Guerre mondiale : la chasse aux Tsiganes. Servi par de magnifiques comédiens et une musique farouche, ce film touche en plein coeur…France, 1943. Le régime collaborationniste de Vichy interdit aux nomades de circuler sur les routes. La famille Laville (15 personnes) débarque ainsi dans le village de Saint-Hamont pour y faire les vendanges, mais se retrouve piégée : on lui vole ses chevaux, seuls richesses et moyens de transport. Seuls le maire et son employée de mairie lui viennent en aide “pour faire quelque chose”… contre l’avis d’une partie de la population, hostile à ces étrangers…Ainsi commence “Liberté”, le nouveau film de Tony Gatlif, tourné en région Rhône-Alpes. À travers cette histoire, librement inspirée de faits reels, le réalisateur évoque la tragédie du peuple tsigane durant la Seconde Guerre mondiale. Qui sait qu’il a été, lui aussi, traqué, enfermé dans des camps, puis déporté “pour débarasser la France de sa vermine”, comme le rappelle cruellement le personnage du traître incarné par Carlo Brandt ?Une manche bien garnie pour GatlifPour appuyer son propos, Gatlif possède plus d’un tour dans sa manche. Tout d’abord, une galerie de personnages hauts en couleurs : enfants espiègles (Cali, P’tit Claude), des frères bourrus et fiers (mention spéciale à “Taloche”, interprété avec brio par un James Thiérrée impressionnant), ou encore Tina, la frangine à la beauté farouche, surtout quand elle monte à cheval (magnifique plan illustrant la liberté absolue). Dans son rôle de maire résolu à agir, Marc Lavoine s’avère convaincant, tout comme Marie-Josée Croze, enseignante le jour et résistante la nuit. Jusqu’au jour où… Une place prépondérante pour la musiqueBien entendu, la musique tient une grande place dans le film. Comment pourrait-il en être autrement, compte-tenu de son rôle dans la culture tsigane ? Soulignant les différents rebondissements, tantôt tristes – tirant parfois trop vers le pathos-, tantôt joyeux, la bande-son remplit à merveille son rôle. Rien que le premier plan du film marque les esprits : des fils de fers barbelés sont agités comme si l’on jouait de la guitare avec… Chapeau.Chahuté entre le drame, certaines scènes de liesse et parfois même un humour féroce, le spectateur reste scotché sur son fauteuil même si l’issue fatale ne fait pourtant guère de doute… Le concept de “happy end” n’existait pas trop à l’époque… Caricaturaux à souhait, les Nazis (grands, secs, aux yeux bleux injectés de haine) et les soldats français (petits, moustachus, dociles) finiront par accomplir leur sale besogne sans remords, ni regrets… À quelques jours de la célébration du 65e anniversaire de la victoire des Alliés sur les Nazis, il est donc salutaire qu’un film soit enfin consacré à des victimes souvent et injustement méconnues de la folie humaine. Les familles tsiganes ont, elles aussi, payé un lourd tribut aux délires criminels des Nazis en connaissant les brimades, les humiliations, la deportation, la mort. À partir d’un sujet difficile, Tony Gatlif signe un film plein de tendresse pour ce peuple attachant et si attaché à sa… liberté. Courrez le voir tant qu’il en est encore temps !“Gadjo” Bruno

Suivez la guide !

Clubbing, expos, cinéma, humour, théâtre, danse, littérature, fripes, famille… abonne toi pour recevoir une fois par semaine les conseils sorties de la rédac’ !

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X