Mardi 22 mars 2022 Habitué aux superproductions spectaculaires et aux films d’époque, Jean-Jacques Annaud en tourne une qui résonne avec son histoire intime puisqu’elle se focalise sur le monument patrimonial qu’il connaît (et aime) sans doute le plus, à l’époque...
Le Dernier loup
Par Christophe Chabert
Publié Mardi 24 février 2015 - 2501 lectures
Le Dernier loup
De Jean-Jacques Annaud (Fr-Chine) avec Feng Shaofeng, Shawn Dou...
De Jean-Jacques Annaud (Chine-Fr, 2h) avec Feng Shaofeng, Shawn Dou…
Jean-Jacques Annaud est-il devenu une sorte d’ambassadeur français auprès des territoires en plein boom économique, un ministre du cinéma non officiel allant refourguer son expérience (les gens de droite disent son "expertise", c’est un bon moyen de les reconnaître) ?
Après le Qatar pour Or Noir, c’est la Chine qui coproduit ce Dernier loup où plane l’ombre d’un autre animal jadis magnifié par Annaud : l’ours. Car les mécanismes sont à peu près les mêmes : de beaux paysages — ceux de la steppe mongole — des grands sentiments et une bête d’abord sauvage, puis apprivoisée par un maître aimant, curieux et compréhensif.
Il est dommage, alors que la critique a été souvent injuste avec l’auteur de La Guerre du feu et du Nom de la Rose, modèles d’un certain cinéma populaire à grand spectacle, qu'il soit aujourd'hui congelé dans sa créativité, au point de ressortir en moins bien des recettes désormais datées. Par moments, il arrive toutefois à capter quelques visions puissantes, comme ces chevaux pris dans un lac de glace ; mais Le Dernier loup manque d’ampleur, et encore plus de courage.
Car au moment où des cinéastes chinois tentent vaillamment de s’extraire d’un système toujours répressif, il y a quelque chose de gênant à voir Annaud se couler docilement dans le moule, réalisant un blockbuster comme les autorités en rêvent, facile à exporter et jamais acide envers le pouvoir ou l’histoire du pays. Une realpolitik cinématographique pas plus glorieuse que les courbettes de nos dirigeants lorsqu’il s’agit de vendre des trains ou des avions en Chine.
Christophe Chabert
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