“Godzilla vs Kong” de Adam Wingard : monstres et compagnie

Blockbuster / Malgré ses allures de nom de code pour le second tour de la prochaine présidentielle, Godzilla vs Kong est du genre de Fast and Furious : tout entier contenu dans son titre programmatique. Et monstrueusement convenu. En VOD avant (peut-être) une sortie sur grand écran à la réouverture des salles…

En génétique, lorsque l’on croise des individus (animaux, végétaux…) porteurs de caractéristiques différentes et que leurs descendants bénéficient d’une recombinaison favorable les rendant plus performants que leurs parents, ont parle de "vigueur hybride". En cinéma, lorsqu’on a essoré une série et son protagoniste (y compris avec des reboots), on crée un cross over avec une autre série tout aussi usée dans le but de relancer doublement la machine en s’adressant potentiellement à deux audiences. Sur le papier — et d’un point de vue strictement commercial —, l’idée n’a rien de stupide et fonctionne depuis des décennies, des Universal Monsters à Alien vs Predator… jusqu’aux chapitres non encore publiés du MCU contemporain.

Pour Godzilla vs Kong lui-même aboutissement d’un double reboot, ce sont en sus des titans issus de deux traditions parallèles qui se rencontrent : la créature maison de la Warner (Kong) et l’emblématique kaijū nippon de la Toho (Godzilla). Une sorte de conférence internationale au sommet, promettant une vision un peu moins américano-centrée qu’à l’ordinaire. Sauf que les promesses, on le sait, n’engagent que ceux qui les croient. Godzilla vs Kong tient au finale du spectacle pyrotechnique, une pauvre trame éculée servant à justifier des pétarades bariolées dont il ne subsiste pas grand-chose à la fin. Pas même la sempiternelle (et ici très très souterraine) mise en garde contre la tentation humaine de domestiquer la Nature.

Créatures terrestres

L’argument : Godzilla attaque sans raison apparente un site industriel spécialisé dans la robotique. Pour le combattre, son dirigeant sollicite l’aide de l’entreprise Monarch, qui détient Kong sur Skull Island. Le plan consiste à les ramener d’où ils viennent : au centre de la Terre…

Passons sur la resucée Jules Verne X Conan Doyle X Jurassic Park ou le recyclage des idées déjà exploitées dans les dizaines de films précédents (Kong épris d’une fillette, puis à terre avec le cœur au ralenti…) ; ignorons le carnaval des incohérences — la scientifique vivant H24 avec Kong sans s’apercevoir que le singe a appris le langage des signes ; l’anthropomorphisme à tous les étages avec notamment des monstres qui fightent comme des combattants de lucha libre, ou Godzilla qui se moque de Kong et Kong qui dunke comme Michael Jordan ou brandit une hache comme Thor son marteau — pour nous intéresser un instant au catalogue de personnages-clichés et/ou étendards servant à “représenter“ artificiellement le plus de “diversités” possible…

Il faudra peut-être un jour que les scénaristes de blockbusters choisissent autrement les caractéristiques de leurs protagonistes qu’en cochant les cases d’un bingo politiquement correct, caricaturant une société inclusive idéale — celles où les quotas seraient bien remplis, mais où les personnages demeurent prisonniers d’un immuable déterminisme. On a quand même ici chez les sidekicks un Afro-Américain paranoïaque, un “bon gros“ geek un peu basané ainsi qu’une petite fille asiatique handicapée opposés à un patron hispanique fourbe et mégalomane doté d'un homme de main japonais forcément sadique… Ces cache-misère complaisent certainement aux représentants des différents groupes d’influence se bornant à une lecture statistique des génériques ; pas sûr cependant qu’ils fassent progresser les mentalités d’une nation clivée comme jamais en prolongeant autant de stéréotypes archaïques. Heureusement, il y a les FX, hein…

★☆☆☆☆ Godzilla vs Kong
Un film de Adam Wingard (E-U, 1h54) avec Rebecca Hall, Millie Bobby Brown, Alexander Skarsgård…

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