Zao Wou-Ki : traversée des apparences

Zao Wou-Ki

LE 1111 - Galerie Celine Moine & Laurent Giros Fine Art

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Estampe / Alors qu'il fait actuellement l'objet d'une grande rétrospective à Paris, Zao Wou-Ki est exposé aussi à Lyon, à travers une vingtaine d'estampes superbes, au 1111.

En contrebas d'un paysage, une femme croise les bras derrière sa tête et offre son opulente poitrine au regard du curieux. La poitrine est proportionnellement opulente, mais le personnage minuscule, filiforme, tracé sommairement comme dans un dessin d'enfant ou de Paul Klee. Et, bientôt, la femme comme toute autre figure disparaîtront de l’œuvre de Zao Wou-Ki (1920-2013), pour laisser place à une abstraction que les spécialistes qualifient généralement de lyrique. Lyrique, vraiment ? Certes, les œuvres de Wou-Ki laissent chanter et vibrer de loin en loin les échos des peintres occidentaux qu'il rencontra, après son installation à Paris en 1948 : Pierre Soulages, Hans Hartung, Joan Miro, Nicolas de Staël... Et puis il y a aussi de la musique dans sa vie personnelle, avec une première épouse musicienne, et la fréquentation d'Edgar Varèse et de Pierre Boulez. Mais l'abstraction de Wou-Ki est aussi bien informelle, gestuelle, et pour en rajouter une "couche" : chinoise !

Dans un instant, tout est là

Le petit personnage féminin précité est encadré de deux arbres et de deux maisons ajourées. Or, « Il n'est chambre où ne soient percées porte et fenêtre / C'est donc le vide encore / Qui permet l'habitat » dit le Tao Te King. Ce vide fertile (« Le vide c'est un vide vécu, nourri » déclare le peintre), ce "vide-médian", fondamental dans la pensée et l'art chinois, propulsera, en un souffle, Zao Wou-Ki, de l'encadrement d'une fenêtre vers l'étrangeté et les hasards de l'abstraction.

Souffle, passage, vide-médian, tout nous invite chez Zao Wou-Ki à demeurer dans l'entre-deux, et à ne jamais nommer ou figer les choses. Malgré tout, notre indécrottable regard occidental verra volontiers des paysages dans ses estampes, et même une "marine" dans l'une de ses plus belles œuvres exposées à Lyon : un fouillis noir et rocailleux, au premier plan, semble s'ouvrir au loin sur un océan vert-émeraude menacé d'orage.

Suggestion volontaire d'océan ou non, ce qui compte dans l’œuvre (comme dans la vie) de Zao Wou-Ki c'est le déracinement, le passage, le mouvement, l'allusion. En 1956, l'artiste intitule d'ailleurs l'une de ses œuvres peintes Traversée des apparences. Et son grand ami Henri Michaux écrivait à propos de ses lithographies en 1950 : « Un tableau : immédiat, entier. Puis on va à gauche, à droite, comme on veut, où l’on a envie, selon ses trajets, et les pauses ne sont pas indiquées. Dès que l’on désire, l’œil le tient à nouveau, entier. Dans un instant tout est là. »

Zao Wou-Ki, La vie mouvante
Au 1111 (par la galerie Céline Moine) jusqu'au 29 septembre

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