Mardi 24 septembre 2019 À Lyon, on ne fait pas vraiment le tour du monde en musique, mais heureusement certains programmateurs et programmatrices s'y attellent avec brio. Prenez votre billet.
Seun Kuti, au nom du père
Par Sébastien Broquet
Publié Mardi 15 octobre 2019 - 3129 lectures
Photo : © DR
SEUN KUTI & EGYPT 80
Le Kao
ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement
Afrobeat / Héritier fidèle de son père Fela Kuti, Seun perpétue l'afrobeat dans toute sa conscience politique et son énergie scénique : comme un petit goût de Shrine au Ninkasi.
Les "fils de", parfois, on peut kiffer. Et dans le cas de Seun Kuti, fils de Fela, aucun doute : il s'agit quasiment d'une réincarnation du maître absolu de l'afrobeat, le même corps musculeux, les mêmes attitudes sur scène, un immense talent pour propulser ce genre devenu presque aussi international que le reggae jamaïcain après sa naissance à Lagos, et un même groupe, Egypt 80 (ou du moins les survivants et quelques recrues) pour propager la fière et colérique parole : car l'afrobeat, machine à danser, est avant tout un discours conscientisateur et politique, qui visait au temps du père, dans les 70's, à dénoncer tout autant les méfaits des grandes multinationales pillant l'Afrique sans vergogne (I.T.T.) que les dirigeants corrompus. Et comme rien ou presque n'a changé à Lagos, les fils perpétuent le combat... Si l'un, Femi, a mainstreamisé les sonorités, l'autre est resté puriste, fidèle au son inventé par le duo Fela / Tony Allen.
Activiste
Rythmique syncopée implacable, envolées free du saxophone, transe longue durée, riffs funky : l'afrobeat doit autant au juju beat local qu'au highlife du voisin ghanéen, au funk de James Brown et au jazz alors totalement aventureux. Seun ne le réinvente pas, mais l'incarne comme personne. Il faut dire que dès ses huit ans le plus jeune fils du king de Lagos était déjà choriste d'Egypt 80... Mais Seun n'a pas repris le seul flambeau musical : pour lui, être frontman, c'est aussi être un activiste. Être la voix du peuple le plus pauvre. Celui qui voyait en la Kalakuta République un espoir. Celui qui dansait jusqu'au matin au Shrine. Le fils Kuti, chantre du panafricanisme, se revendiquant de Patrice Lumumba et de Malcolm X (voir la superbe pochette de son dernier album, Black Times, paru l'an dernier) est cette voix. Il est ce son. Et comme on l'a déjà écrit ici, sur scène, c'est l'une des expériences les plus intenses ressenties ces dernières années : foncez.
Seun Kuti & Egypt 80
Au Ninkasi le mardi 5 novembre à 19h
pour aller plus loin
vous serez sans doute intéressé par...
Lundi 27 mars 2017 Jazz à Vienne qui regarde souvent et encore vers l'avenir, en faisant mûrir en son sein les jeunes talents, jette un joli coup d'œil cette année au passé et à ses disparus sous la forme d'une demie-douzaine d'hommages, parmi lesquels Fela, Prince ou...
Mardi 31 janvier 2017 L'afrobeat, initié au débuts des années 70 par Fela Kuti et Tony Allen, a irrigué jusqu'à devenir aujourd'hui planétaire. Retour sur un genre éminemment politique à l'heure où un hommage à son créateur se profile au Musée des Confluences.
Mardi 31 janvier 2017 L'afrobeat est affaire de batteurs. Sans Tony Allen, pas d'afrobeat. Ce n'est donc pas un hasard si c'est un batteur de jazz qui initie cet hommage à (...)