Mardi 10 septembre 2013 Sélection réalisée par Nadja Pobel, Benjamin Mialot et Aurélien Martinez
Médaille d'argent
Par Nadja Pobel
Publié Mardi 4 février 2014 - 6567 lectures
Photo : © Marteen Vanden Abeele
Kiss & cry
Célestins, théâtre de Lyon
ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement
Jusqu’à présent, l'expression "kiss and cry" désignait ce box où les patineurs sur glace (au hasard les inoubliables Oksana Gritschuk et Evgueni Platov) attendent fébrilement leurs notes, entourés de leur coach engoncée dans un manteau de fourrure. Désormais, elle est aussi le titre d’un spectacle, virtuose d’un point de vue technique, plus fade dans son propos.
Les Belges Jaco von Dormael (réalisateur de Toto le héros) et Michèle Anne de Mey, chorégraphe, se sont associés pour une pièce dite de nanodanse. Sur le plateau règne un bazar bien ordonné de décors miniatures et de caméras à bras articulés, ainsi qu’une dizaine de techniciens/manipulateurs, tous au service de doigts devenus marionnettes. Ceux d'un homme et ceux d'une femme, dont les mouvements sont filmés et retransmis sur un écran géant en fond de scène. C’est là l’extrême réussite de ce spectacle pas comme les autres : une toute petite partie du corps y figure des personnages crédibles, la simplicité de ce dispositif s’alliant alors à la complexité matérielle pour créer de magnifiques fondus enchaînés entre le très petit (comme des maisons miniatures que l’on dirait sorties de toiles d'Edward Hopper) et le très grand (l’homme). Tout est parfaitement réalisé et inventif, de l'inondation d'une salle de bain pour signifier la tristesse à un train électrique muni de micro-caméras embarquées.
Néanmoins le fond fait défaut. Les amours échouées de Giselle, «qui a mis ses rêves sur une étagère», son premier coup de foudre de treize secondes, sa nostalgie et sa mémoire qui fuit, sont de délicats sujets mais, coincés dans une rhétorique surannée à la Caro et Jeunet ou Philippe Delerm, ils manquent d’aspérité et de surprise, rendant parfois un peu vain l'ensemble du dispositif.
Nadja Pobel
Kiss & Cry
Aux Célestins, jusqu’au jeudi 6 février