de Pascale Ferran (Fr, 2h38) avec Marina Hands, Jean-Louis Coulloc'h, Hyppolite Girardot...
Après 13 ans de silence, le retour de Pascale Ferran derrière une caméra se fait par le biais inattendu de l'adaptation littéraire. Pas celle de L'Amant de Lady Chatterley, mais celle de sa deuxième version, Lady Chatterley et l'homme des bois, que Ferran s'évertue à respecter dans ses enjeux (une bourgeoise tombe amoureuse d'un gardien de chasse pendant que son mari, blessé à la guerre, croupi dans son fauteuil roulant) et l'esthétique de D. H. Lawrence (un sensualisme exacerbé et hautement érotique), tout en signant un film parfaitement cinématographique. Car malgré les cartons, la voix-off, les dialogues très «littéraires», Lady Chatterley est un film écrit avec des images, une œuvre de cinéaste dont la maîtrise est grande, très grande ; trop grande ? La première heure met en scène l'éveil du désir au même rythme que celui de la nature, et Ferran travaille chaque plan avec une infinie attention aux corps et à leur environnement. Tout ça est d'une intelligence indéniable, mais vient le moment où Lady Chatterley s'installe dans sa propre routine, et là tout se complique. Déjà, il faudra beaucoup de bonne volonté pour tenir au jeu très particulier (distancié, diront les cuistres) de Marina Hands ; il en faut encore plus pour faire semblant d'être surpris par ce qui se déroule à l'écran, pour ne pas deviner comment la grammaire de Ferran se déclinera pendant le (très long) reste du film. Car si les enjeux restent passionnants (la lutte des classes, la lutte des corps et la lutte des sexes unies dans une valse vertigineuse), le résultat l'est nettement moins. Ou du moins si on se refuse à faire de ce film autre chose qu'un film pour critique, aisé à disséquer pour admirer l'intelligence de l'auteur et admirer la sienne au passage. Sinon, nous pardonnera-t-on ce jugement lapidaire, Lady Chatterley est quand même un film très chiant.CC