Après avoir dépoussiéré le polar dans Memories of murder et le film de monstre dans The Host, le sud-coréen Bong Joon-ho donne sa vision, très personnelle, du mélodrame, avec ce portrait d'une mère prête à tout pour rétablir l'honneur de son fils.Christophe Chabert
Le film démarre en trombe : les tribulations du gamin donnent lieu à quelques tableaux parfaitement burlesques, avant que Bong ne négocie un virage brutal dans son récit, lors d'une scène choc d'une violence morale impressionnante. Excellent conducteur, le cinéaste est aussi, d'une certaine manière, un chauffard : la deuxième partie du film, où la mère prend le contrôle de l'histoire, envoie fréquemment les certitudes morales du spectateur dans le décor. Mother épouse donc jusqu'à la folie l'obsession de son personnage, sa capacité surhumaine à déplacer des montagnes pour faire entendre sa dignité de mère blessée. La prestation hallucinée et hallucinante de Kim Hye-ja, 70 balais et une filmo gigantesque derrière elle, est pour beaucoup dans l'effet de sidération que cette quête du coupable produit par instants — disons quand même que le film n'est pas exempt de quelques longueurs. Les deux plans qui encadrent (ou presque) Mother, où l'actrice s'approche de la caméra puis improvise longuement une danse aussi bizarre qu'envoûtante, donne la clé du film : et si l'instinct maternel n'était qu'une forme de parade animale sophistiquée, un carnaval qui déguiserait d'autres pulsions pour envoyer au feu les lois, la morale et la justice ? Humain, trop humain....Mother
De Bong Joon-Ho (Corée du Sud, 2h10) avec Kim Hye-ja, Won Bin...