De Christophe Honoré (Fr, 2h15) avec Catherine Deneuve, Chiara Mastroianni, Ludivine Sagnier...
Une mère et sa fille. Dans les années 60, la mère (Ludivine Sagnier) fait la pute pour se payer des chaussures et tombe amoureuse d'un médecin tchèque qu'elle quitte au moment du Printemps de Prague. Au début des années 2000, la fille (Chiara Mastroianni) s'éprend d'un gay malade du sida, tandis que la mère (Catherine Deneuve) retrouve son amant de l'époque (Milos Forman). Plus que jamais, le cinéma de Christophe Honoré joue de la référence (Truffaut et ses romans cinématographiques sont les grands parrains du film) mais aussi de l'autoréférence : comme dans Les Chansons d'amour, Alex Beaupain a composé de pénibles intermèdes musicaux, sans doute ce qu'il y a de moins bien dans le film.
Pénible aussi, la capacité d'Honoré dialoguiste à mettre dans la bouche de ses acteurs un texte bourré de poncifs sentencieux sur l'amour, la vie, le temps qui passe. Ratée enfin, l'évocation de l'époque : la reconstitution au début donne une sensation désagréable d'entre-deux, ni rigoureuse, ni fantaisiste, et quand le 11 septembre passe par là, on change vite de chaîne.
Si Les Bien-aimés s'avère toutefois supérieur aux précédents Honoré, c'est grâce à l'énergie fantasque que lui confère son trio de sexagénaires : Catherine Deneuve, Michel Delpech (étonnant) et un Milos Forman déchaîné viennent contrebalancer l'excès de sérieux de la mise en scène, ce qui permet in extremis au film de faire passer un vrai frisson d'émotion lors de son épilogue tragique et cruel.
Christophe Chabert