Événement / Samedi 16 et dimanche 17 juin, le Centre chorégraphique national de Grenoble (CCN2) et ses partenaires investissent la Bifurk pour un week-end de spectacles, ateliers, concerts, rencontres & co qui donne très envie. Le nom de l'événement ? Le Grand Rassemblement, dont c'est la troisième édition grenobloise. Soit l'une des aventures culturelles locales récentes les plus enthousiasmantes.
Après la MC2 fin 2016 et le Magasin des horizons en mai 2017, c'est à la Bifurk d'accueillir le troisième Grand Rassemblement grenoblois du Centre chorégraphique national de Grenoble (CCN2) – mais le quatrième du nom, une déclinaison ayant eu lieu à Annecy en mai dernier. Soit « une manifestation tout-terrain » conçue dans l'esprit du lieu investi. « Le choix d'espaces aussi variés permet de toucher différents publics. Avec ces GR, on est dans une nouvelle façon d'amener des gens à rencontrer l'art » nous avait expliqué l'an passé le chorégraphe Rachid Ouramdane, codirecteur du CCN2 avec le circassien Yoann Bourgeois.
Cette implantation à la Bifurk, definie sur son site comme une « friche citoyenne, culturelle et sportive », amplifie cette volonté de s'adresser au plus grand nombre – et notamment à celles et ceux qu'une institution comme une scène nationale ou un centre d'art peut intimider. Surtout qu'il n'y a aucune raison de se sentir intimidé par ce nouveau Grand Rassemblement, à la forme véritablement ouverte, la plupart des propositions étant gratuites et sans réservation. La preuve avec la présentation par nos soins de certains temps forts.
Le spectacle phare du week-end
Ce GR4 a été conçu par le CCN2 en lien avec divers partenaires (la Bifurk, le Magasin des horizons, le Pacifique...) mais également avec le chorégraphe Mickaël Phelippeau qui viendra avec son spectacle au titre explicite : Footballeuses. Soit une pièce centrée sur plusieurs femmes pratiquant le football qui se retrouvent sur scène pour évoquer leur univers. « Avec ce projet, j'ai eu envie de découvrir ce qui se trame dans cette pratique collective que je ne connais pas. J'ai rencontré des footballeuses, leurs récits m'ont amené à croiser ce qu'elles traversent, tant la joie et la force de faire groupe que ce qu'on leur renvoie, entre stéréotypes et violence » écrit l'artiste en note d'intention.
Une sorte de théâtre-documentaire porté donc par des femmes qui ne sont pas comédiennes mais simplement elles-mêmes sur le plateau. Même si, bien sûr, leurs histoires ont été travaillées pour la scène, et en quelque sorte scénographiées voire chorégraphiées – comme ce tableau où elles font rebondir leur ballon ensemble au rythme du mini tube A new error de Moderat (mais si, écoutez).
Même s'il reste très modeste dans sa forme (pas plus d'une heure et seulement quelques tableaux), Footballeuses fait ainsi partie de cette famille de spectacles qui dépassent leur sujet, s'adressant à tous, aficionados de foot ou non, puisqu'ils ouvrent de nombreuses portes – les réflexions sur la différence de traitement flagrante entre les femmes et les hommes qui tapent dans le ballon sont certes évidentes mais devraient davantage nous indigner.
À noter que le vendredi 15 juin à 19h au Club sera organisée la projection du film Les Filles du stade d'Yvonne Debeaumarché (« l'histoire méconnue des joueuses du Stade de Reims, une équipe de pionnières qui, à la fin des années soixante, a bouleversé le monde du football et dont les exploits ont conduit à la reconnaissance de la pratique féminine de ce sport par la Fédération Française de Football ») en présence du chorégraphe et de footballeuses du spectacle.
Footballeuses
Samedi 16 juin à 20h (5 ou 10€)
Entraînement avec les footballeuses du spectacle + mini-tournois
Dimanche 17 juin à 11h (gratuit)
Causerie avec Mickaël Phelippeau
Dimanche 17 juin à 17h30 (gratuit)
Le spectacle qui va en mettre plein les yeux
Artiste associée au CCN2 depuis 2016, la circassienne Chloé Moglia travaille en hauteur grâce à une « structure-sculpture à la fois légère et monumentale » qu'elle a inventée afin « de déployer la suspension sur fond d'un ciel qui nous est commun ». La voir évoluer sur cet agrès improbable, sorte d'immense tige d'acier arc-boutée, est tout simplement sublime, comme on a souvent pu s'en rendre compte à Grenoble.
Pour ce GR, elle viendra avec La Spire, sa dernière création en date où elle est rejointe, à plus de 7 mètres de haut, par quatre autres circassiennes. On sera en bas pour découvrir cette proposition qui est tout bonnement celle que l'on attend le plus du week-end.
La Spire
Samedi 16 juin à 15h30 (gratuit)
Gravitation (performance avec Chloé Moglia, Marielle Chastain et Maxime Houot)
Samedi 16 juin à 22h30 (gratuit)
Causerie avec Chloé Moglia
Dimanche 17 juin à 11h (gratuit)
Le spectacle intrigant sur le papier
Ex-champion de France et vice-champion du monde de BMX, Vincent Warin viendra à ce GR avec un spectacle-performance construit autour d'un vélo bicros auquel, au vu des extraits que l'on a pu voir, il se confronte de différentes manières pas toujours très orthodoxes. Comme dans cette scène où, une main sur le guidon et l'autre sur la selle, il semble danser avec son vélo. Avant, plus tard, de partir dans des embardées dignes des plus grands circassiens.
Friandises vélicyclopédiques
Samedi 16 juin à 19h (gratuit)
Des concerts
Le samedi soir, ce sera la fête à la Bifurk avec, à partir de 21h, l'excellent groupe grenoblois The Next Tape qui, quelque part entre la trip hop et le nu jazz, déconstruit la musique électronique pour la remonter comme une tour de Kaplas. Sur scène, comme on a pu le constater plusieurs fois, l'alchimie entre les deux multi-instrumentistes et la chanteuse fait des étincelles.
Parfait pour un début de soirée dansante, comme on enchaînera à 23h avec DJ Culbuto, présenté de la sorte : « du funk & de la discokitsch, les années 1980 et 1990 enfin réunies, quelques tubes oubliés, du quarante-cinquième degré qui vont te faire bouger le booty ! » Avec, en prime, un show queer qui promet.
Mais aussi
Nous avons évoqué certains des événements de ce GR4, qui en comptera de nombreux autres entre danse (comme la pièce Sans de Martine Pisani, créée en 2000 et qui a visiblement marqué pas mal de monde – samedi à 17h30), cirque (le souvent surprenant Jean-Baptiste André et sa création Floe imaginée avec un plasticien et inspirée des reliefs polaires – dimanche à 14h et 18h), spectacle participatif (Les Jeux chorégraphiques de Laurent Pichaud et Rémy Héritier dans lesquels le public « risque de s'entendre parler de danse » – dimanche à 15h) ou encore skate (On board, ou la rencontre entre un skateur pro et une chorégraphe – dimanche à 17h)...
Mais ce n'est pas tout : pendant ces deux jours, on pourra également faire une rando queer, découvrir une performance de youyous, marcher aux côtés d'une personne inconnue, regarder une expo sur l'interdit... Tout le programme, on ne peut plus alléchant, est en ligne sur le site du CCN2 et celui de la Bifurk.