Musée dauphinois : solidarité, peste et tuberculose...

Collections / En attendant une possible réouverture et la découverte d’une grande exposition sur les refuges alpins, Olivier Cogne, directeur du Musée dauphinois, nous parle des actions en ligne mises en place par l’établissement. L’occasion de nous présenter (virtuellement) quelques pièces de sa collection, en écho à la crise que nous traversons.

Lieux de confinement montagnard en cas de caprice météorologique, les refuges devaient être le sujet d’une nouvelle exposition du Musée dauphinois, censée avoir démarré le 25 mars dernier. C’est un autre caprice, épidémiologique cette fois, qui fait que nous ne découvrirons cette exposition qu’avec la réouverture de l’établissement qui, pour l’instant, n’est pas annoncée. En attendant, l’institution, par le biais des réseaux sociaux, a choisi de « mettre en lumière les acteurs locaux de la solidarité au fil de l’Histoire », comme l’explique Olivier Cogne, son directeur. « C’est une manière de rendre hommage aux bénévoles et aux soignants qui sont fortement mobilisés par cette crise », ajoute-t-il. Ainsi, chaque semaine, les réseaux sociaux (Facebook et Instagram) permettent de diffuser des trésors. Exemple : un portrait photographique et une petite notice biographique relative à des figures incontournables comme l’abbé Pierre, ou à d’autres personnalités moins connues comme, par exemple, Lucie Baud, syndicaliste féministe du début du XXe siècle.

Par ailleurs, nous avons sollicité Olivier Cogne pour savoir s’il n’y avait pas, dans les collections, des œuvres ou des documents qui pouvaient faire écho à la situation actuelle. Il a prestement répondu qu’il serait ravi de nous présenter plusieurs pièces. Il y a tout d’abord une série d'affiches, dont celle-ci, datant des années 1910 et destinée à lever des fonds pour lutter contre la tuberculose dans le contexte singulier de la Première guerre mondiale. En effet, les conditions de vie dans les tranchées et l’utilisation des gaz de combat ont alors fortement fragilisé la santé des soldats. En 1916, près de 60 000 d’entre eux sont atteints par la tuberculose, si bien que de nombreux bâtiments de culte désaffectés sont mis à disposition pour les soigner. Une situation qui n’est pas sans rappeler les réquisitions qui ont pu être faites ces dernières semaines pour accueillir les malades – un centre de congrès à Londres – ou les défunts – une patinoire convertie en morgue à Madrid. Sauf qu’à l’époque, une fois les malades guéris, ils étaient, paradoxalement, envoyés sur le front pour se faire massacrer...

L’autre pièce que souhaitait nous présenter Olivier Cogne est une sculpture de Saint-Roch, protecteur des pestiférés. « Une des pièces maîtresses des collections du musée », assure-t-il. Né au XIVe siècle en plein cœur de l’épidémie de peste noire qui ravage alors l’Europe, Saint-Roch vient en aide aux pestiférés avant de contracter à son tour la maladie, dont il guérit miraculeusement. Le geste qu’il fait de la main lui permet de dévoiler, sur sa cuisse, les traces de l’incision d’un bubon caractéristique de la peste. Une magnifique sculpture en noyer que nous aurons plaisir à aller contempler à la réouverture des lieux culturels… au musée de l’Ancien Évêché, où elle est en dépôt.

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