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Théâtre / Un nouveau directeur devrait être nommé dans les prochains jours à la tête du Théâtre de la Croix-Rousse, après le décès de Philippe Faure en juillet dernier. Dix-sept candidats se seraient d’ores et déjà manifestés. Revue de détails. Dorotée Aznar

Si la Ville de Lyon n’a pas lancé d’appel à projets pour la nomination d’un directeur à la tête du Théâtre de la Croix-Rousse, les projets sont tout de même parvenus jusqu’à elle. Dix-sept candidats auraient fait part de leur intérêt pour ce lieu, de manière plus ou moins officielle et dossiers plus ou moins fournis à l’appui. Sur la dizaine d’aspirants-directeurs que nous avons pu identifier, on croise principalement des Lyonnais ou des metteurs en scène ayant une bonne connaissance du terrain local et du Théâtre de la Croix-Rousse en particulier. En place
La plupart des candidats ne disposent pas d’un lieu fixe, mais ce n’est pas de cas de tous. Certains dirigent même des théâtres dans l’agglomération. C’est vrai pour Jean Lacornerie, actuel directeur du Théâtre de la Renaissance à Oullins et autour duquel les rumeurs les plus folles ont circulé. S’il n’est pas particulièrement enthousiaste à l’idée d’aborder le sujet de sa candidature, Jean Lacornerie tient cependant à rétablir certains faits : «je n’ai pas présenté de candidature conjointe avec Cathy Bouvard et la Ville ne m’a jamais contacté pour m’inciter à postuler. Ce lieu m’intéresse en effet, parce que c’est un théâtre très dynamique en termes de public et que c’est une belle salle. Au-delà de ma personne, je pense que la Croix-Rousse doit rester un théâtre de création dirigé par un artiste». Un point sur lequel s’accorde Sylvie Mongin-Algan, à la tête du NTH8 (nouveau Théâtre du huitième) depuis 2003 et qui voit dans cette candidature «l’opportunité de créer un projet dans un lieu existant après avoir créé un lieu, une façon de nous imaginer, ma compagnie et moi, dans une situation nouvelle». Mais Sylvie Mongin-Algan avoue également que sa candidature est motivée par le manque d’espace dans ses locaux actuels et un besoin de moyens pour développer le projet de sa compagnie, les Trois-Huit.En quête
Quête d’espace, de moyens, mais aussi de stabilité, beaucoup de metteurs en scène ont décidé de tenter leur chance, seuls ou en duos. Emmanuel Meirieu, qui s’est déclaré le premier, Joris Mathieu qui s’est associé avec le producteur Philippe Puigserver pour imaginer une «Maison pour les écritures scéniques», Laurent Brethome qui présente avec Philippe Sire un projet intitulé «La Croix-Rousse, Théâtre de l’insolence» et qui fédère des artistes comme Yannick Jaulin, Michel Fau, Mathurin Bolze et Vincent Macaigne, mais aussi Yves Charreton et Florence Tournier-Lavaux, Philippe Delaigue (fondateur notamment de la Comédie de Valence), Philippe Vincent, Déborah Lamy, Sarkis Tcheumlekdjian… Nombreux sont les metteurs qui lorgnent sur ce bel outil.En rupture
La Ville de Lyon n’a pas fait savoir quelles étaient ses ambitions pour ce lieu, si ce n’est une volonté de «continuer d’abord et de commencer ensuite», selon l’expression de l’adjoint à la Culture, Geoges Képénékian. Dans les projets qui ont été portés à notre connaissance, seuls deux ont pris le parti de la rupture. Nathalie Veuillet, co-fondatrice de la Compagnie Là Hors De présente ainsi un projet lié aux arts numériques, qui remettrait en cause l’identité du théâtre. «Il n’y a aucun lieu de diffusion des arts numériques dans l’agglomération. Je pense que les théâtres devraient être dans la complémentarité, pas dans la concurrence. Positionner la Croix-Rousse comme un théâtre différent pourrait être positif», explique-t-elle. Autre projet en rupture, celui porté par Nicolas Ramond, fondateur de la compagnie Les Transformateurs. Son idée : accueillir un petit nombre de spectacles, impliquer les artistes invités à prendre part à des actions dans la cité et, surtout, ouvrir le théâtre aux arts de la rue. «Il faut aller jouer là où sont les gens, décloisonner, faire que le théâtre reste un lieu de débat, un lieu réactif à ce qui se passe dans le monde», développe-t-il.En crise
Si l’on fait exception de quelques candidatures isolées, la plupart des postulants sont avant tout à la recherche d’un lieu, d’une implantation durable, d’un outil pour diffuser leur travail dans la région. «C’est l’histoire des "Trois petits cochons", s’amuse Philippe Vincent, quand le vent va souffler, et il soufflera bientôt, il vaudra mieux être celui qui a la maison en pierre». En rire ou pas, cet épisode dans la vie du théâtre à Lyon est révélateur d’un malaise profond. Au-delà de l’incompréhension que cette "non-procédure de nomination" suscite, elle creuse encore un peu le fossé entre des artistes en quête perpétuelle de moyens et des politiques qui n’ont plus envie de les écouter.

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