Le mélange des genres mexicain

Interview / Martin Barnier, professeur en études cinématographiques à l'Université Lumière Lyon 2, présentera quatre films de la «période mexicaine» de Buñuel les 6 et 7 février. Propos recueillis par CC

Comment Buñuel en vient-il à tourner au Mexique ?Martin Barnier : Quand il arrive au Mexique en 46, Buñuel dit qu'il n'a «pas fait de films depuis 15 ans» ; il exagère car il a été producteur exécutif en Espagne en 34-35, notamment sur un film dont il fera le remake mexicain, Don Quintin l'amer. C'est un producteur mexicain qui lui propose de faire un test pour voir s'il est capable de tourner un film commercial avec un budget modeste, qui plus est un «véhicule» pour la star du film. Cela donnera Grand Casino, qui répond à cette commande mais qui est malgré tout un échec commercial...Quel est le statut de cette période mexicaine dans l'œuvre de Buñuel ?Ce sont des productions commerciales qui s'inscrivent dans l'explosion de la cinématographie mexicaine à l'époque. Ce ne sont pas des séries B car il y a toujours des acteurs connus, leurs budgets sont importants, mais ils sont produits rapidement dans un contexte codifié. Plus que des films de genre, ce sont des films qui mélangent les genres. Par exemple, Grand Casino est à la fois un film d'aventures, presque un western, mais c'est aussi une réflexion quasi anticapitaliste, avec au milieu des chansons interprétées par des stars de l'époque.En quoi y retrouve-t-on les caractéristiques de son cinéma ?Dans Grand Casino, un plan est très buñuelien : au moment de la déclaration d'amour, il cadre le personnage remuant une baguette dans la boue, et on pense tout de suite à autre chose... Dans Le Grand Noceur, le plan d'ouverture se fait sur des pieds de clochards dans une prison et, dans la dernière scène, un plan cadre les pieds de bourgeois à la sortie d'une église... La Montée au ciel a un côté néo-réaliste dans sa peinture des mœurs mexicaines, proche de Los Olvivados, et on y trouve une scène de rêve que certains décrivent comme une parodie de Buñuel par Buñuel. Même si ces productions sont conformes aux standards de l'époque, Buñuel a insisté sur le fait qu'il n'avait jamais rien filmé de honteux pendant sa période mexicaine.

pour aller plus loin

vous serez sans doute intéressé par...

Mercredi 31 janvier 2007 Surréalisme / Né au tout début du XXe siècle, Buñuel se jette rapidement dans le bain de l'émulation artistique et intellectuelle madrilène de l'époque. Il devient (...)

Suivez la guide !

Clubbing, expos, cinéma, humour, théâtre, danse, littérature, fripes, famille… abonne toi pour recevoir une fois par semaine les conseils sorties de la rédac’ !

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X