Sur le papier dématérialisé, Slow Magic avait tout pour nous déplaire. Voire pour nous courroucer. D'abord, son goût pour l'anonymat (d'après les maigres indices à notre disposition, ce serait un Parisien solitaire, mouais) et la prose choupi-arty (il compare sa musique au son que produirait «un mystérieux ami imaginaire»), ficelles intellectuello-promotionnelles aussi usées que les nerfs d'Henri Guaino. Ensuite, son affiliation à la chillwave, sorte d'electro pop lo-fi (un synthétiseur, une boîte à rythmes, un sampler et c'est parti) bien dans l'air du temps. Tellement dans l'air du temps, même, qu'on se demande de plus en plus sérieusement si c'est encore de l'oxygène que fixe notre hémoglobine. Et enfin, une blogosphère toute entière à sa botte sur la foi de quatre pauvres morceaux vendus un dollar pièce. Seulement voilà, les quatre pauvres morceaux en question sont des petits chefs-d'œuvre de fluidité et d'astuce, dont l'écoute est sans doute, en termes de sensations, ce qui s'approche le plus d'un bain en apesanteur. Une péniche n'étant finalement, vous en conviendrez, qu'une baignoire de grande taille, rendez-vous au Sonic dimanche 18 mars pour la soirée mousse de votre vie. Benjamin Mialot
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