De Doug Liman (ÉU, 1h53) avec Tom Cruise, Emily Blunt...
Sur le papier, il y a comme du high concept foireux derrière Edge of Tomorrow : en gros, il s'agit d'opérer le croisement improbable entre Le Soldat Ryan, Un jour sans fin et Starship Troopers, inspiré d'un bouquin d'Hiroshi Sakurazaka. D'ailleurs, le temps que la greffe prenne — quinze minutes — on reste un peu incrédule, avalant couleuvres scénaristiques sur couleuvres scénaristiques, en particulier celle qui envoie au front un officier spécialisé dans la communication, sans expérience de terrain et ayant dépassé la limite d'âge — Tom Cruise a beau faire tout ce qu'il peut pour le faire oublier, c'est aujourd'hui un quinquagénaire encore en forme mais trop vieux pour jouer les héros.
Quand enfin tout est en place — un système assez ludique de reboot temporel qui permet à Cruise de rejouer un débarquement futuriste sur les plages normandes pour bousiller des aliens et retrouver une «full métal bitch» campée par la passionnante Emily Blunt — l'alliance entre le scénario habile et très bien écrit de Jez Butterworth — magistral dramaturge anglais — et Christopher MacQuarrie — déjà derrière l'excellent Jack Reacher — et la mise en scène légère et souple de Doug Liman — un authentique cinéaste pop au geste aérien et décontracté — s'avère largement payante. L'heure centrale d'Edge of Tomorrow joue d'une double répétition : celle que vit le personnage principal, et celle que le film opère de l'Histoire réelle à sa transposition futuriste.
Dommage que dans sa dernière demi-heure, le film soit rattrapé par le travers des blockbusters actuels qui, laissant leurs velléités d'originalité sur le bas-côté, se contentent de filmer des effets spéciaux plutôt que de les fondre dans une réelle mise en scène de l'action. Mais Edge of Tomorrow confirme que son studio (Warner) est aujourd'hui le seul à produire des prototypes risqués plutôt qu'à courir après d'éventuelles franchises.
Christophe Chabert