de Zhao Dayong (Chi, 1h35) avec Li Ziqian, Liang Ming, Liu Yu...
Sujet tabou s'il en est pour la société chinoise, la politique publique de contrôle des naissances — et singulièrement dans les campagnes — ne fait pas partie des questions que le régime doit apprécier de voir traitées. Loin de renvoyer la réussite fulgurante des grands centres urbains du “pays aux deux régimes”, Shadows Days décrit des zones rurales délabrées, abandonnées par la modernité, où l'autorité locale (le maire) entretient avec la capitale des relations ambiguës : d'un côté, application à la lettre de directives barbares (stérilisation de force des femmes trop fécondes) ; de l'autre, pratique sereine de la prévarication ou du népotisme.
Ce grand écart moral se double d'une perte très symbolique de repère spirituel et idéologique : frappé par la maladie, le maire ne sait plus — littéralement — à quel saint se vouer. Naviguant d'un exorcisme traditionnel à l'exhumation d'une statue de Mao, tentant le christianisme, il cherche une lueur d'espoir. En vain. Voilà qui ajoute au pessimisme de Zhao Dayong : que reste-t-il à un pays dévorant ses enfants, s'il n'a même plus de perspective d'avenir ? Ce ne sont pas les jours d'ombre promis par le titre qui l'attendent, mais des jours sombres. VR