Genève : l'inconnue du lac

Suisse / Imaginez une cité où l’on peut plonger dans les eaux bleu lagon du Rhône ; une ville dont le glorieux patrimoine rebelle voisine avec une culture insolite de l’art urbain. Ouvrez les yeux : vous êtes au bord du Léman, à Genève…

Passée la douane, regardez les touristes se ruer sur le Jet d’Eau/l’Horloge fleurie/le Quartier des Nations ou faire des coucous de contrebande à la statue de Sissi érigée quai du Mont-Blanc (là où elle fut assassinée) : ils vous laisseront du champ pour explorer une Genève plus inattendue. Moins d’une dizaine de kilomètres vous sépare de la France, pourtant la sensation d’avoir franchi la frontière se perçoit à chaque instant : francophone de jure, polyglotte de facto, Genève est une ville-monde à taille réduite. Ainsi qu’un territoire saturé d’Histoire — surtout sur les hauteurs de la vieille-ville.

Traces du passé

Une cinquantaine de pas dans la rue du Puits-St-Pierre suffisent pour s’en convaincre : ici fut imaginée la Croix-Rouge ; là, la SDN ; entre les deux se tient la maison Tavel — la plus ancienne demeure de Genève, devenue musée… Un autre ensemble porteur d’histoires se dresse en contrebas : la cathédrale Saint-Pierre. De style architectural “composite”, l’édifice catholique a, comme Genève, épousé le calvinisme — mais c’est là la moindre de ses curiosités. Car si l’on peut gravir sa tour pour jouir d’une vue rare et à 360° sur la cité, c’est en sous-sol qu’il ne faut pas manquer de se rendre pour visiter un site archéologique exceptionnel, révélant (au sens propre) les strates du passé de la ville. Impossible de ne pas enchaîner avec l’édifiant Musée International de la Réforme, tout juste rénové : sa scénographie inventive et élégante met en valeur sans prosélytisme un sujet qui eût pu être aride. Coup de cœur pour une pièce aux vitraux variant avec la musique ambiante ; coup au cœur avec Déflagrations, l’expo temporaire consacrée aux dessins d’enfants dans les guerres.

Vestiges du présent

Saut dans le temps. La présence de l’art urbain dans Genève ne date pas d’hier : à la fin des années 1980, alors qu’une jeunesse d’artistes en mal de logements créait des squats dans Genève (dont le fameux Rhino, ayant pignon et corne sur rue), on pouvait voir un Homme en blanc de Jérôme Mesnager danser sur un mur de la ville voisine de Chêne-Bourg. Les squats ont disparu mais les lieux où voir des murals se sont singulièrement multipliés, portés par les générations successives de talents locaux : Jonx, Ygrek, Sèyo…

On recommande pour cela la balade en vélo-taxi (www.welo.swiss, 190CHF) afin de découvrir les quartiers offrant les œuvres les plus spectaculaires : la rue des Bains (avec sa mosaïque pixel art de MifaMosa face au Musée d’art moderne), le Parc Gourgas et ses réalisations monumentales collaboratives entre street artists ou signées par des enfants ; le stupéfiant cube fuchsia Pink Painter — lieu mixte dédié à des expos, du tatoo etc. au 3 rue des Maraîchers — customisé sur toutes ses faces ou presque par Sueno, Robis, Amikal, entre autres pointures de la bombe.

Excentricité tout helvétique : les fresques sont en général respectées et rarement vandalisées. Le skatepark de Plainpalais est ainsi exempt du moindre graffiti ! Si malgré tout des taquins se risquent au “toyage”, les artistes se livrent à des interventions réparatrices : Gamo a ainsi joliment repensé son œuvre Avengers climatic ornant La Parfumerie, un théâtre surplombant la Jonction.

Obliquons justement vers cette fameuse confluence genevoise, où l’Arve se jette dans un Rhône céruléen. Sur ses berges aménagées pour le chill et la baignade, la jeunesse alternative a trouvé son spot, à l’écart du lac. Ne boudez pas pour autant le Léman : les traditionnels et abordables Bains des Pâquis (2CHF !) en pleine ville restent un rendez-vous prisé par les vrais Genevois. Les touristes, eux, sont encore au Jet d’eau…


Où dormir ?

Hôtel N’vy****

À deux stations de tram de la Gare de Cornavin et quelques pas du débarcadère De-Chateaubriand, l’Hôtel N’vy a de sérieux arguments pour séduire les visiteurs. Outre le confort feutré de ses chambres à la déco pop et vitaminée (avec ambiance lumineuse pour s’adonner à la chromothérapie), on y apprécie son côté cosy chic — prévenant sans être guindé — ainsi que l’éventail des mets servis au petit-déjeuner. Idéal pour débuter la journée sur une note gourmande !

18 rue de Richemont,  1202 Genève /Dès 162CHF / +41 (0) 22 544 66 66 / www.hotelnvygeneva.com

Où manger ?

Khora. Parce que les röstis et la saucisse de veau méritent une météo au moins automnale (et donc un retour à Genève), optons pour l’originalité en dînant à la terrasse de cet établissement cultivant l’authenticité hellénique. On y a savouré un taramosalata agrémenté d’avgotaraho (poutargue), un calmar grillé et sa douce salade de persil plat avant de succomber au karioca, entremet-gâteau de fruits confits… et chocolat, évidemment.

8 avenue Pictet-de-Rochemont, 1207 Genève / Carte de 18 à 54CHF /+44 (0)22 736 39 12 / www.khora-geneve.com / Du ma, au ve. de 12 à 14h ; ma. & me. de 19h à 22h ; du je. au sa. de 19h à 22h30.

Kiosque des Bastions Petit plaisir du dimanche à 11h : un brunch dans l’écrin ombragé du Parc des Bastions. Sous la verrière du kiosque art déco se déploie un splendide (interminable) buffet où les fromages suisses attirent l’œil comme le palais. Gardez tout de même de l’appétit pour le dessert : des brassées de fruits rouges ne demandent qu’à plonger dans la fontaine de chocolat… Réservation très conseillée !

1 Promenade des Bastions, 1205 Genève / 49CHF p.p. / +41 (0)22 310 86 66 / www.bastions.ch

Shopper ?

Une quasi parité entre l’euro et le franc suisse évite les conversions fastidieuses, mais ne dispense pas de réfléchir avant de carboniser la carte bleue : 3e ville la plus chère au monde, Genève regorge de boutiques de luxe destinées à sa clientèle internationale de prestige (elles se concentrent rue du Rhône). Mais dans les parallèles, on trouve des enseignes plus abordables : les incontournables chaînes Migros, Coop, Globus ou le Grand Manor près de Cornavin permettent de sillonner les grands magasins en s’octroyant quelques plaisirs raisonnables. Pour le chocolat, suivez l’exemple de John Kerry en allant faire provision d’Amandes princesses (34CHF les 250g) chez Auer — 4 rue de Rive.

Se déplacer ?

Geneva City Pass.

Autorisant l’accès à tous les transports en commun sans restriction — bus, tram, train, bateau-bus (les “Mouettes“ sillonnant le lac —, la Geneva City Pass simplifie la vie et permet des économies puisqu’elle offre en sus une foule activités gratuites ou à tarif réduit. Vite rentabilisée, son prix varie suivant la durée du séjour (24h : 30 CHF ; 48h :40 CHF ; 72h : 50 CHF). Elle peut même s’acheter en ligne sur www.geneve.com !

Comment y aller ?

En train : Direct en 2h environ depuis Lyon ou Grenoble par TER, comptez 64€ l’AR hors (les nombreuses) réductions possibles pour les groupes, week-end, vacances etc.

En voiture : Depuis Lyon 150 km, 2h via A40. 60€ de péage+vignette autoroute suisse, sans compter l’essence et le parking sur place. Depuis Grenoble 142 km, 1h30 via A41. 62, 30€ de péage+vignette autoroute suisse, sans compter l’essence et le parking sur place.

Renseignements

Bureau d'information touristique de la Fondation Genève Tourisme & Congrès : Jardin du Lac (2 Promenade du Lac - 1204 Genève) du lu. au sa. de 9h15 à 17h45 sf je de 10h à 17h45 et di. et jours fériés de 10h à 16h. / ++41 (0) 22 909 70 00 / www.geneve.com/fr

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