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TrubLyon
Collège Maurice Scève
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TrubLyon + Urban Art Jungle / L’art visuel se résume-t-il aux œuvres exposées dans les galeries et les musées ? L’art de rue n’est-il que vandalisme ? La réponse est non. Prenant ses marques au milieu du siècle dernier, le street art est devenu progressivement un art à part entière.
Le street art, ou art urbain, n'est pas toujours considéré à sa juste valeur par l'ensemble des esthètes. Mais son succès populaire impose le respect et, surtout, affole les galeries. Loin d’un simple art vandale, la discipline regroupe diverses techniques s’emparant de la rue pour en faire un support artistique : graffitis sur les murs, réclames, pochoirs, affiches, stickers et même mosaïques, voire des installations de yarn bombing (tricot urbain).
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Innover, c’est sortir du cadre. Nouvelle manière d’écrire, le street art se veut mode d’expression alternatif en prolongement de ce que l’art peut proposer. Éphémère et parfois hors-la-loi, il est majoritairement l’expression d'une contre-culture en quête de liberté.
Son histoire débute à Philadelphie dans les années 1960. La première création de street art naît d’un acte d’amour : Darryl McCray, aka Cornbread, submerge la ville de sa signature en graffitis, pour attirer l’attention d’une jeune femme nommée Cynthia Custuss. Philadelphie voit bientôt s’inscrire, sur tous les murs de ses quartiers Nord, de larges inscriptions « Cornbread loves Cynthia ». Si bien que le jeune homme est vite repéré par la presse locale. Loin de le blâmer, les journalistes l’encouragent en lui lançant des défis : poser sa griffe dans les endroits les plus impossibles et improbables. Cornbread va se prêter au jeu et ira jusqu’à taguer l’avion privé des Jackson 5 ! Cet épisode marque l'un des fondements du mouvement.
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En 1968, alors que les réseaux ferroviaires s’étendent et s’intensifient, les trains entre Philadelphie et New York deviennent messagers des rivalités entre les deux villes, qui dialoguent et se provoquent, de graffiti en graffiti. Cette culture débarque et explose dans la Big Apple durant les années 1970 avec, entre autres, Taki 183, Tracy 168 et Blade One qui rajoutent aux lettrages des illustrations colorées apposées sur les murs. Pour très vite s’exporter à travers le globe.
Depuis, les street artistes prolifèrent et s’échinent à vouloir ramener couleur, vie et revendications au milieu des immeubles et du béton. De Paris à Bogota et Rio, de Los Angeles à Cape Town, de Berlin à Kaboul… Avec des artistes devenus références : notamment Banksy, Eduardo Kobra, Keith Haring, Above, Mentalgassi, SpY, JR ou Shamsia Hassani. Pourtant, s’il envahit nos rues depuis près de cinquante ans, le street art souffre d’un mal de reconnaissance.
L’intégration est poussive, voire bicéphale : acclamée par les publics, souvent impensable pour les autorités. Le street art demeure clandestin et doit, la plupart du temps, faire fi des règles et de la justice qui ne le reconnaissent pas comme art à part entière, tel un mouvement sauvage et surtout illégal. Ce dont il souffre, c’est d’un manque criant de considération. En témoignent des exemples parlants : à Grenade en Espagne, l’artiste El Niño de las Pinturas peint les rues de sa ville depuis plus de vingt ans, produisant des réalisations colossales. Peu de temps après avoir reçu les clefs de la ville, récompense symbolique pour l’ensemble de son œuvre, El Niño reçoit un courrier de la police locale l’informant qu’il doit régulariser une amende de 5000€ pour avoir peint des façades dans les rues. Alors même qu’il avait l’autorisation des propriétaires. Même constat pour l’américain Shepard Fairey, qui a réalisé l’affiche Hope représentant Obama, devenue légendaire. Son œuvre, reconnue par ses pairs, lui a valu des différends avec la justice de New York qui l’a condamné à 25000$ d’amende et 300 heures de travaux d’intérêt général.
Nourri de la poésie du caniveau et du bitume, jouant avec la rue, le street art conquiert progressivement les beaux quartiers, les salons de collectionneurs et fait chauffer leurs cartes de crédit. Ce qui lui offre une légitimité. Si la reconnaissance artistique pointe enfin le bout de son nez, l’acceptation juridique et les réglementations se font encore attendre. Il faudra continuer de défendre un street art bien vivant qui, de pochoir en graff, d’installations en affiches, redessine les contours de l’art comme de la cité.
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