À Lyon, Jérémy Gomez réveille l'artisanat du lettrage

Artisanat / Avec son vélo cargo aménagé pour transporter tout son matériel, Jérémy Gomez, alias Jérémy Lettreur, sillonne la ville pour écrire à même les murs des échoppes les noms des enseignes. Il fait partie des rares passionnés qui pratiquent encore ce métier en France. 

Avec ses pinceaux et ses brosses à la main, Jérémy Gomez joue avec les couleurs et les ombres, explorant les techniques de trompe-l'œil pour donner du relief aux devantures des magasins. Jérémy Gomez est peintre en lettres, un artisanat dont l’âge d’or se situe entre le XIXe et le XXe siècle. À l’époque, toutes les inscriptions extérieures comme intérieures dédiées à l’information et à la publicité étaient réalisées à la main. Un ancêtre du graffiti donc, dont la pratique était plus ou moins tolérée par le cadre légal. 

Lettreur à Lyon : un métier en voie de réapparition

La technique du lettrage est encore aujourd’hui demandée par quelques nostalgiques et afficionados de l’artisanat et des enseignes vintage. Cela en dépit de la concurrence des autocollants et de leur moindre coût. À Lyon, les échoppes comme Fends la Bise et Jean Miche ont fait appel à Jérémy Lettreur pour rénover leur enseigne à la sauce old school.

Âgé de 34 ans, Jérémy Gomez s’est formé en arts appliqués à Nîmes, puis à Strasbourg en tant que designer graphiste. Comme beaucoup, la crise Covid a été un moment de remise en question, le motivant à une reconversion. « J’en avais assez du numérique. Je voulais revenir à une pratique manuelle et faire quelque chose qui me fasse sortir de chez moi. Comme j’aime la peinture, ça m’a paru évident », confie-t-il avant de reprendre : « Ce qui me fascine dans ce travail, c’est la possibilité de créer quelque chose qui dure. J’aime aussi l’idée qu’au fil des années, on puisse m’identifier, identifier mon style sur les enseignes ».

Des lettrages qui lui demandent toujours un travail important, notamment pour créer une typographie qui colle à l’identité du lieu, et qui soit harmonieuse.

Self made lettreur

Pour s’exercer, l’artisan a commencé avec le brush lettring, une technique plus facile d’accès qui requiert l’usage de feutres avec une mine longue et souple. « Ça m’a notamment permis de maîtriser le passage du plein au délié (ndlr : autrement dit du trait épais au trait plus fin) ». Il le répète, la clé de la réussite réside dans la pratique constante et répétée du lettrage : « On fait, on refait, c’est un métier pour lequel il faut beaucoup pratiquer pour progresser ». 

Les formations sont peu nombreuses et avec seulement une poignée de peintres en lettres actif(ve)s en France, la transmission de savoir est donc malheureusement rare. « J’ai beaucoup appris seul, avec des lectures et même des films comme Sign Painters de Sam Macon qui a vraiment fait office de base » explique-t-il.

Un travail de précision

Dernière réalisation en date, la devanture de la boulangerie Jean-Miche située à l’intersection de la rue Capitaine Robert Cluzan et de la rue Montesquieu dans le 7ᵉ arrondissement de Lyon. Des lettres droites, peintes en bleu avec une impression de fausse 3D. « C’était un petit défi, j’ai peint sur une façade en pierre décroûtée, avec beaucoup d’aspérités et mon échafaudage était installé sur un trottoir exigu. J’ai adoré l’expérience », raconte-t-il, ne tarissant pas de détails. : « C’est important de connaître les types de peinture adaptés aux surfaces. Pour cette échoppe, j’ai utilisé des peintures glycérophtaliques (mélange de pigments, résine et solvant organique), qui se diluent avec du white-spirit ».

Pour bénéficier de ce savoir-faire, il faut compter au minimum dans les 300-400 euros, une fourchette donnée à titre indicatif par Jérémy Gomez, « C’est compliqué de donner une estimation, ça dépend de nombreux paramètres comme la hauteur, la surface à peindre, l’accessibilité, mais aussi et surtout de l’expérience de la lettreuse ou du lettreur », précise-t-il. 

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