Avanim
de Raphael Nadjari (Fr-Israël, 1h50) avec Asi Levi, Uri Gabriel...
Connu pour sa trilogie new-yorkaise (The Shade, I am Josh Polonski's brother et Appartement 5C) où il imposait un style sec à la Cassavetes, le Français Raphael Nadjari change radicalement de territoire avec Avanim. À travers ce portrait d'une femme israëlienne qui cherche à conjuguer son indépendance (un amant, un travail, une tête nue) et les desiderata rigoristes de son père et de son mari, Nadjari se livre à un exercice formellement et thématiquement beaucoup plus composé. Mais quelque chose subsiste de ses films précédents : l'envie d'être au plus près de ses personnages, de laisser la tragédie naître dans le présent de leurs actions. Dès la première scène, rendez-vous sexuel clandestin et presque muet dans un café puis à l'hôtel, la force des visages et la précision des gestes frappent le spectateur. La tension qui s'inscrit à l'écran (due autant au charisme des acteurs qu'à la maniaquerie de la mise en scène ou à l'utilisation d'une étonnante partition musicale) est alors presque celle d'un film noir, et elle se retrouve dans les moments les plus réussis (la "descente" des religieux filmés comme des Reservoir dogs, l'attentat hors champ aux conséquences funestes, le règlement de comptes final). Si le film souffre d'un passage à vide narratif en son milieu, Nadjari le rattrape quand l'engrenage du soupçon, de la trahison et de la vengeance reprend ses droits. Loin des films à discours pré-mâchés (légions sur la question depuis quelque temps), Avanim n'oublie jamais qu'un cinéma est politique par sa mise en scène plus que par son sujet, aussi noble soit-il.Christophe Chabert