Nico, libre dans sa tête
Portrait / "Un jour, alors que j'étais étudiant à l'École Centrale, j'ai assisté à un cours de conception mécanique où l'on nous apprenait à fabriquer des pièces de manière à ce que les machines cassent à la limite de rentabilité de l'entreprise". C'est ce jour-là que Nicolas Zlatoff a pris conscience qu'il ne serait jamais ingénieur. Même si au fond, il l'a toujours su : "à Centrale, je n'ai fait que du théâtre, je suis allé en cours quelques fois et j'ai eu mon diplôme, je ne sais pas comment". Ce qui a été difficile pour lui, c'est ce qu'il appelle le moment de bascule, le jour où il a décidé de tout plaquer. "Mon entourage n'a pas très bien réagi, j'ai laissé tomber ce que l'on m'offrait, le regard des autres n'a pas été facile à supporter". Un regard qui n'est jamais loin du jugement de valeur : "on était tous des fils de bourgeois, bien propres sur eux, bien comme il faut, c'est d'autant plus difficile de réussir à dire : moi, aujourd'hui c'est ça et pas autre chose". À la sortie de l'École, il crée sa compagnie, le théâtre de l'ampoule, et travaille sur "ce qui nous fait vibrer, au-delà de ce que l'on peut nous imposer au quotidien : avoir un travail, de l'argent, une femme et des enfants". Il se penche sur les textes de Rogrigo Garcia, de Boris Vian, la pensée de Camus ou les personnages de Shakespeare ; tout ce qui lui permet de comprendre "comment les rêves et les aspirations peuvent se briser au contact de la réalité, face à la violence de cette réalité". À 28 ans, Nicolas sait enfin pourquoi il se lève le matin et jette un regard amusé sur ce qu'il aurait pu être : un ingénieur "qui se fait chier et ne s'épanouit pas, un membre d'une soi-disant élite qui ne court qu'après un statut social et un joli salaire à la fin du mois". DA