C'est l'histoire d'un énième repas de famille auquel Adrien assiste alors que son esprit divague. Car la seule chose comptant pour lui à ce moment précis, c'est que Sonia réponde à son SMS. Et voilà que son futur beau-frère lui demande de faire un discours pendant la noce...
Le Discours n'est pas un film, c'est du cinéma. En tout cas, une de ces propositions cinématographiques, pour reprendre le mot de Godard, qui s'amusent avec les possibilités du médium ; qui considèrent le 7e art comme la somme, la résultante, l'aboutissement ou l'évolution des précédents et surtout ne se prennent pas au sérieux. Ce qui ne les empêche pas de triturer la structure avec intelligence pour fabriquer de l'espace avec des mots et du temps avec des images ; bref créer, comme Resnais, un spectacle ludique superposé à un film mental.
Tirard réussit son adaptation de Fabcaro comme on transforme un essai au rugby : il transpose cette obsession anxiogène de la répétition traversant l'œuvre de l'auteur (et bédéiste) en l'accommodant de variations oulipiennes donnant à Benjamin Lavernhe l'occasion de déployer l'immensité de son registre dans le peau de ce Bartleby 2.0. Mais évitons verbiage, logorrhée et péroraison : il faut voir cette comédie, ne serait-ce que pour retrouver l'ambiance d'un repas de famille au moment de Noël. Parole !
★★★★☆ Le Discours, de Laurent Tirard (Fr., 1h27) avec Benjamin Lavernhe, Sara Giraudeau, Kyan Khojandi...