Histoire / Avec l'exposition "Fait main, quand Grenoble gantait le monde" le musée Dauphinois revient sur une aventure locale de prestige international, celle de la ganterie grenobloise. Un parcours remarquable, riche de nombreuses pièces de collection et ponctué de convaincantes reconstitutions.
Dans les années 1980, alors même que la fabrication traditionnelle du gant grenoblois périclitait, le musée Dauphinois célébrait cette industrie locale grâce à une exposition intitulée La main du gantier. Ainsi, tandis que les dernières grandes ganteries grenobloises fermaient leurs portes, le musée leur ouvrait les siennes... Et si cette nouvelle exposition évoque cette décennie funeste, elle tâche également de mettre en valeur ceux qui, aujourd’hui encore, maintiennent et valorisent ce savoir-faire artisanal, ainsi que ceux qui ont contribué à en faire la renommée internationale. Car cette histoire reste toujours fortement inscrite dans la mémoire d’une génération que le musée a eu la bonne idée d’inviter à témoigner, soucieux de faire vivre les objets en les associant à la parole de ceux qui les ont fabriqués ou manipulés.
Ainsi, après un vestibule historico-introductif, l’exposition s’ouvre sur une grande pièce qui nous plonge dans l’univers d’un atelier de gantier et nous dévoile les étapes, les outils et les machines nécessaires à la confection de ces fameux gants. Les ouvriers étaient chargés de la coupe et les ouvrières de la couture (ça ne rigolait pas trop avec le genre). L’une d’entre elles nous assure que la surjeteuse centenaire qui nous est présentée est « increvable », on n’en doute pas, d’autant que l’ouvrière en question semble l'être tout autant.
Écrin luxueux
Plus loin, c’est une autre reconstitution qui nous est proposée : l’intérieur d’un magasin Perrin basé à New-York. En effet, le gant grenoblois s’exportait à travers le monde entier. À la fois fins et résistants, réalisés à partir de peaux de chevreaux, ces gants étaient avant tout destinés à la grande bourgeoisie, voire à l’aristocratie. Le magasin s’apparente donc à une sorte d’écrin luxueux chargé de valoriser de nombreuses pièces aussi remarquables qu’ostentatoires. On retiendra tout particulièrement les gants de cocktails agrémentés de plumes d’autruches et ceux décorés de serpents de perles qui s’enroulent sur l’avant-bras – élégance et discrétion assurées !
Prise dans cette tension entre ces deux reconstitutions très réussies – le monde des ouvriers d’une bourgade provinciale et la prestigieuse bourgeoisie d’une capitale mondiale – l’exposition dévoile de nombreux documents, affiches, peintures, photographies et objets qui témoignent de cette étonnante aventure industrielle qui aura autant marqué la ville que l’esprit des Grenoblois.
Fait main. Quand Grenoble gantait le monde au musée Dauphinois jusqu'au 27 mars 2023 ; entrée libre