De Mahamat-Saleh Haroun (Tchad-Fr-Belg, 1h32) avec Youssouf Djaoro, Diouc Koma...
Prix du jury au dernier festival de Cannes, Un homme qui crie part d'un postulat ambitieux : raconter le Tchad d'aujourd'hui, de la guerre civile aux conséquences de la mondialisation économique, à travers les rapports entre un père et son fils travaillant dans un même hôtel. Le père, employé modèle, est pourtant viré par le nouveau directeur (chinois !) et son fils, qui glandait jusqu'ici au bord de la piscine, doit prendre sa place. La guerre éclate, et le père ne va rien faire pour éviter à son enfant d'être mobilisé, pensant ainsi récupérer son boulot.
La violence sociale dont fait preuve Saleh Haroun rappelle celle des frères Dardenne, même si sa mise en scène en est l'exact contraire : de longs plans très composés et essentiellement silencieux. Quand le film se fait bavard, il n'est pas loin d'être réactionnaire (voir le dialogue entre le père et son ami, sur le mode du «tout fout le camp»). Et quand, dans sa longue deuxième partie, le cinéaste entreprend un road movie où le paternel coupable tente de sauver son fiston, il s'enfonce dans la naïveté morale et le conformisme cinématographique.
Pas vraiment de dangers sur le parcours, l'arrivée maladroite de la copine enceinte incarnée par une actrice catastrophique et un final expédié : Un homme qui crie n'est plus alors qu'un fantôme de film, qui confond la lenteur et la contemplation avec la paresse et le néant.
Christophe Chabert