Vous voyez l'ambiance du Piranha 3D d'Alexandre Aja ? Avant que la poiscaille préhistorique ne pointe le bout de ses ratiches acérées. Les alcools forts ruisselants sur des popotins galbés, les t-shirts gorgés d'eau et les poitrines gonflées par le désir de vivre qu'ils peinent à contenir, les bellâtres aux caméscopes turgescents, le hip hop à grosses sneakers, les bateaux tout juste livrés par le concessionnaire du coin, tout ça. Et bien Peter Kernel, c'est tout le contraire. C'est Springbreak vu par les joueurs d'échecs et les étudiants en graphisme : une sono qui crache le meilleur de la musique électrique indé des années 90, des corps ordinaires tatoués au feutre noir, des girafes de soda, des antivols qui valent plus chers que les vélos qu'ils protègent et des souvenirs fixés via filtre polarisant. C'est un trio basé en Suisse (premier pays producteur de décibels d'Europe, on ne le dira jamais assez) dont la musique charrie des échos de la noise arithmétique de Shellac, du hardcore indépendantiste de Fugazi, de l'indie rock débraillé de Pavement et du punk bitchy de Bikini Kill. C'est deux albums aussi mastoc et surprenants que des paquets de céréales renfermant 400 grammes de gadgets pour un pétale de maïs (ou un grain de riz soufflé, chacun ses goûts). C'est en somme et à égalité avec celui de Dirty Beaches il y a une quinzaine de jours, LE concert à ne pas manquer dans la programmation automnale du Sonic.
Jeudi 26 septembre 2024 Lumineux et rugueux, le son du trio lyonnais surprend par son empressement imaginatif et risque de provoquer une "vague scélérate" le samedi 5 octobre dans le cœur de la Confluence.