Points culminants d'une édition d'A Vaulx Jazz centrée sur le piano et la voix, ce sont quatre volcans monumentaux de l'histoire musicale qui rendront A Vaulx Jazz visibles de très loin. Éruption imminente, dans un Centre Charlie Chaplin qui promet de bouillir. Stéphane Duchêne
«Un volcan s'éteint, un être s'éveille» dit le célèbre adage publicitaire. Il est pourtant des volcans qui ne s'éteignent jamais, ou plutôt continuent à faire jaillir boules de feu, laves et fumerolles bien longtemps après leur ultime éruption. C'est en tout cas ce que s'est dit cette année A Vaulx Jazz, au moment de s'atteler à une programmation qui, tout en faisant la part (très) belle aux pianistes (Craig Taborn, Robert Glasper, Sophia Domancich, Giovanni Mirabassi...) et aux voix (Sandra Nkaké, LaVelle et même Yasiin Bey/Mos Def !...) tout en continuant d'explorer des genres cousins ou non – folk, blues, funk, flamenco, électro – à coups de grands noms (Bill Frisell, Zombie Zombie, C. J. Chenier...) a décidé de se lancer dans la volcanologie musicale. Métaphoriquement s'entend. Encore que...
Car les volcans en question sont bien entendu sonores – et d'ailleurs la plupart d'entre eux n'ont probablement jamais vu et encore moins bu une goutte de Volvic, de Quézac ou d'eau ferrugineuse de leur vie. Et ce sont à la fois leurs fantômes, leur souvenir et leurs ravages qu'on célébrera ici. Ils sont au nombre de quatre : Miles Davis, Nina Simone, Iggy Pop et John Zorn.
Fun House
C'est Wallace Roney, ancien disciple du maître du cool, et un quintet très spécial, qui ressusciteront Miles Davis ("Miles Smiles", jeudi 20 mars), tandis que l'abyssale production de John Zorn sera décortiquée par le trio Medeski, Martin & Wood, associé à Nels Cline, que les amateurs de rock indé connaissent en temps que guitariste de Wilco, moins en tant que génie de l'improvisation (27 mars).
Mais sans aucun doute les deux soirées les plus incandescentes de cette édition 2014 d'A Vaulx Jazz seront-elles celles consacrées à Nina Simone et Iggy Pop. Pour la première, le rappeur Napoleon Maddox (Iswhat?), épaulé par les anglaises de The Boxettes, un ahurissant chœur féminin, a choisi non pas de rendre un hommage scolaire à la diva, mais d'en célébrer l'esprit frondeur, mariant, exemple parmi tant d'autres, beatbox et reprises de Leonard Cohen, c'est-à-dire s'autorisant à peu près tout ce qui se rapproche de la fulgurance libertaire de Nina ("A riot called Nina", le 21 mars).
On n'en trouvera pas moins dans ce qui sera l'un des projets les plus originaux du festival ; alors que l'on aurait pu s'attendre à la présence de Mister Pop c'est là encore de biais qu'A Vaulx Jazz s'attaquera le 26 mars à l'ascension de l'Iguane du Michigan. A l'initiative de Lionel Martin et son trio Bunktilt, on retrouvera ainsi Steve Mackay, puissant saxophoniste ténor qui, on l'a peut-être oublié, a contribué à donner tant de souffle au mythique Fun House des Stooges. Il s'agira pour les quatre musiciens de visiter l'insondable cratère stoogien à coups de joutes sax baryton-sax tenor qui devraient faire couler beaucoup de lave.
A Vaulx Jazz 2014
Au Centre Culturel Charlie Chaplin, jusqu'au 29 mars