Mardi 20 octobre 2020 Après ses documentaires portant sur son autre métier-passion (Mondovino, Résistance naturelle), le cinéaste-sommelier Jonathan Nossiter livre une fiction crépusculaire sur notre civilisation annoncée comme son testament cinématographique. C’est ce...
Photo : © Goatworks films, Paula Prandini

Résistance naturelle
De Jonathan Nossiter (Fr-Ita, 1h23) avec Stefano Bellotti, Elena Pantaleoni...
Libre et irréductible, Jonathan Nossiter poursuit son voyage cinématographique et viticole du côté de l’Italie à la rencontre de producteurs de vins naturels s’opposant joyeusement à des normes destructrices, et croise ainsi mémoire du terroir et mémoire du cinéma. Christophe Chabert
Impossible de parler aujourd’hui du cinéma de Jonathan Nossiter sans évoquer son auteur, cinéaste nomade passant des États-Unis à la Grèce, de la France au Brésil et aujourd’hui l'Italie où il s’est installé — provisoirement ? Nossiter est un utopiste et un révolté, ayant choisi de refuser la loi de l’industrie mais aussi, et c’est peut-être le plus courageux, celle de la signature auteuriste, pour laisser ses films pousser comme des mauvaises herbes intempestives au milieu de la production mondiale.
Or, parmi les choses que l’on apprend dans Résistance naturelle, son dernier documentaire, il y a justement l’importance de ces mauvaises herbes pour préserver une terre vivante et laisser ainsi la vigne s’épanouir selon sa nature et non selon les règles fixées par les consortiums politico-industriels de l’agro-alimentaire. La résistance des vignerons avec lesquels Nossiter choisit de partager un bout de leur existence — le film est loin de toute investigation journalistique et privilégie les moments de vie et les discussions autour d’un verre au soleil — c’est celle qui consiste à sortir des appellations trompeuses et normatives — les AOC — pour réinscrire la production dans un «terroir», c’est-à-dire une histoire.
Patrimoine(s)
Nossiter, amateur de vins, reste aussi un amoureux du cinéma, et cela conduit au volet le plus étrange et insoumis de Résistance naturelle : sa rencontre avec Gian Luca Farinelli, formidable directeur de la Cinémathèque de Bologne et défenseur d’un patrimoine cinématographique qu’il fait renaître avec enthousiasme. Le film va donc faire entrer au milieu des témoignages des extraits de films anciens — de Max mon amour à Au hasard Balthazar, d’un petit film muet burlesque au Marquis s’amuse, film peu connu de Monicelli que l’on rêve du coup de découvrir en entier — nouant un dialogue complexe, pas forcément limpide mais stimulant, avec la réalité documentaire.
Il y a quelque chose de Godard dans cette démarche qui consiste à lier mémoire historique et mémoire du cinéma, et à le faire dans une forme totalement libre — même le docu, au cours d’une séquence de repas, se pique soudain de décadrages et de montage expérimental — où Nossiter tente de se hisser en tant que cinéaste à la hauteur de ses "héros" dont il célèbre la révolution joyeuse.
Résistance naturelle
De Jonathan Nossiter (Fr-It, 1h24) documentaire
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Propos recueillis par Christophe Chabert
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