Théâtre / Dans la famille Thierrée Chaplin, on demande la sœur : Aurélia. En parfaite héritière de sa célèbre lignée, elle signe un spectacle léger comme des bulles de savons.
Des fauteuils claquants d'une vieille salle d'attente et un tournoiement de personnes interchangeables. D'emblée ce spectacle, créé cet été au festival de Spoleto en Italie, est une valse qui ne va cesser durant 1h10. Aurélia Thierrée Chaplin est dirigée par sa mère Victoria Chaplin (fille du cinéaste) qui fait d'elle une cleptomane lunaire. Où qu'elle aille, elle dérobe des bijoux, des vêtements sur des portants, des lampes et se fond illico dans un fauteuil ou disparaît derrière des draps. La magie rôde à chaque coin de ce spectacle car la voleuse est talentueuse. Elle sait en tournant sur elle-même rendre un tailleur volé. C'est bien l'un des soubassements de cette création que ces tours de passe-passe qui font le sel de ce que ses parents ont créé au tout début des années 70, le Cirque Bonjour devenu Imaginaire puis Invisible, aux origines du nouveau cirque. Subrepticement, les objets s'animent et prennent vie.
Ainsi un cintre devient oiseau, un porte-manteau se transforme en un ruminant. Et tout une série de porte-manteaux prennent la forme d'une énorme bestiole préhistorique que chevauche la comédienne. Au préalable, elle et son acolyte Jaime Martinez auront dansé sur ces supports instables comme dans une comédie musicale anglo-saxonne.
La Petite Voleuse
Ainsi tout est léger. Presque trop. Aucune séquence ne prend le temps de s'installer et donc d'émouvoir complètement. Cet affleurement est parfois dérangeant quand, surgissant d'une toile peinte, les acteurs rendent la scène guerrière vivante mais dans quel but ? Probablement qu'il n'y en a pas vraiment. Bells and spells est une série de sauts de puce dans laquelle le vêtement est primordial et très travaillé. Il se déchire, enferme, étouffe jusqu'à ce que le tissu nimbe tous les éléments dérobés et donne lieu à une sorte de psychose.
Sans utiliser la verticalité comme son frère James le fait régulièrement (Raoul, La Grenouille avait raison), Aurélia Thierrée Chaplin crée une danse incessante en pas chassés à l'image de ce tango improbable du commencement.
Bells and spells
Aux Célestins jusqu'au lundi 31 décembre