Photographie / Exposition immersive dans l'univers sylvestre, En forêt avec Vincent Munier incarne un instant d'émerveillement naturel s'ouvrant à la découverte d'un équilibre fragile menacé par le réchauffement climatique. Au Musée des Confluences du 16 février 2024 au 27 avril 2025.
Le succès de l'exposition consacrée à Marc Riboud a conduit l'équipe du Musée des Confluences à réitérer l'attention au medium photographique. Cette fois-ci le choix s'est porté sur un des plus importants photographes naturalistes actuels, Vincent Munier, connu du grand public grâce notamment au livre de Sylvain Tesson La Panthère des neiges, récit de la quête des deux hommes sur les hauts-plateaux tibétains, et au film homonyme sorti en 2021, coréalisé avec Marie Amiguet.
En quête de la beauté depuis l'enfance
Il avait seulement douze ans quand, dissimulé sous une toile de camouflage, Vincent Munier réalisa son premier cliché animalier, celui d'un chevreuil. Trente-six ans plus tard, le photographe originaire des Vosges continue sa recherche du sauvage et du beau et, après avoir arpenté les endroits naturels les plus fascinants et incontaminés de la planète, son regard se pose à nouveau dans la proximité familière des forêts françaises.
L'exposition que lui consacre le Musée des Confluences réussit le pari de raconter, un univers si proche et pourtant encore méconnu. Abandonnant la lumière et le bourdonnement de la galerie, on pénètre dans la première salle, immédiatement transporté au cœur des forêts jurassiennes et vosgiennes. La mise en scène crépusculaire évoque avec minutie un biotope aux présences suggérées, soit par le noir et blanc des photographies, soit par des sons et des cris.
Restitution d'un amour inconditionnel
Les clichés évitent le descriptivisme ponctuel du reportage, au profit d'une mise en scène allusive, où le brouillard, le blizzard et les vapeurs cachent et protègent, représentant, en même temps, le fond d'où se détachent la faune et la flore : leur force et leur fragilité ne font plus qu'un. Les images d'un grand tétras, probablement le dernier mâle de son espèce dans les forêts vosgiennes, apparaissent particulièrement émouvantes.
En plus d'être photographe, Munier est aussi cinéaste, et la deuxième salle accueille une vidéo qui offre au public un aperçu de son quotidien, guettant patiemment pendant des heures un grand-duc d'Europe, un lynx boréal ou un ours brun. Là encore, il ne s'agit pas d'un reportage mais de la restitution d'une vérité sensible et d'un amour inconditionnel, dépourvus de médiation ou d'écriture didactique.
L'adhésion à l'expérience vécue est célébrée dans la troisième et dernière salle du parcours d'exposition, où Munier se retire complètement jusqu'à disparaître : sur un socle, cinq écrans reproduisent des images captées par des caméras-pièges, offrant à la visibilité le secret de la vie des martres, des mulots, des chouettes et des gelinottes des forêts françaises. Une pratique furtive qui confesse la sensibilité d'un geste respectueux et loyal.
En forêt avec Vincent Munier
Au Musée des Confluences du 16 février 2024 au 27 avril 2025