"Vous attendiez certaines chansons de Jean Ferrat (comme “la montagne”), je vous ai plutôt interprété celles qu'il avait écrites ou mises en musique pour moi". À 78 ans, la voix toujours vigoureuse et le corps plein d'énergie, Francesca Solleville est toujours aussi rebelle et imprévisible. Mercredi 12 mai, cette chanteuse rendit un superbe hommage à Ferrat, son ami et complice, disparu en mars dernier. Sur son 31, la Maison du peuple de Pierre-Bénite avait fait le plein. Entre deux chansons, Solleville raconte Ferrat à travers des anecdotes personnelles : "il n'aimait pas que je secoue sans cesse mes cheveux, me disait que je chantais trop fort… mais a toujours été présent pour me faire de magnifiques chansons, notamment sur des textes de Louis Aragon". À défaut de "la montagne" ou "d'aimer à perdre la raison", le public aura droit à un florilège qui donne envie de (re)découvrir l'œuvre de Ferrat : "Nous dormirons ensemble", "Que serais-je sans toi ?", "Ma France", "Robert le diable" (clin d'œil au poète disparu Robert Desnos), "À chaque rendez-vous", ou encore l'émouvant "Nuit et brouillard".À l'issue du spectacle, Francesca Solleville rencontra de nombreux spectateurs venus la remercier, obtenir une dédicace sur ses albums, vinyles ou cd. Parmi eux, Françoise, particulièrement heureuse : "Ferrat a bercé mon enfance car mon père l'écoutait en boucle. J'ai une relation particulière avec Francesca que j'ai rencontré pour la première fois à l'âge de 15 ans. Sa voix et ses paroles me touchent au coeur".S'il est toujours triste de perdre des artistes de grande valeur, on peut au moins se consoler en assistant à de tels concerts qui prolongent, ou font émerger, notre intérêt pour leur œuvre…Prochain spectacle à la Maison du peuple de Pierre-Bénite : "Ourika, de Gorée au pays des Lumières", une pièce de théâtre musical par la Compagnie "De la Poursuite", qui raconte l'histoire d'une enfant noire, élevée par une vieille aristocrate à la fin du XVIIIe siècle. Une façon d'évoquer le curieux paradoxe de la France à cette époque : à la fois patrie des Lumières… et tête de pont de l'esclavage !