Comment résumer 50 ans de carrière en deux heures ? Entre ses chansons éternelles et les tubes déjà bien réels de son excellent dernier album, Eddy Mitchell a livré ce 13 novembre un émouvant aperçu de son fantastique répertoire. Une dernière séance magistrale qui laisse déjà pointer la nostalgie… Séquence “Lèche-Bottes Blues”.

La lumière revient déjà et la salle est vide à pleurer, mon voisin étend ses bras, il s’en va boire un café…”. Allez, pas besoin d’être un grand fan d’Eddy Mitchell pour reconnaître le début de sa chanson fétiche et ô combien d’actualité : “La dernière séance”. Alors, imaginez l’impact de ces quelques mots sur un public fidèle venu assister à la dernière représentation sur scène de “Schmoll” alias Claude Moine.

Samedi 13 novembre, 22h30. La Halle Tony-Garnier résonne sur les dernières mesures de “Come Back”, l’ultime chanson du concert d’Eddy Mitchell. Cette fois ça y est, le rideau est tombé (pour les Lyonnais en tout cas) : Mr Eddy a tire sa révérence entre Saône et Rhône. L’heure est à la cellule de crise et de soutien psychologique pour les Gônes si friands de sa voix singulière, de ses chansons et des mélodies s(o)ignées par l’ami de toujours, Pierre Papadiamandis…

Une set liste sans fausse note Si deux heures sont forcément insuffisantes pour résumer les cinquante ans de carrière de notre héros, les 26 chansons interprétées (!) donnent néanmoins un apercu fidèle d’une carrière généreuse et irréprochable mêlant le rock, le blues, la country, les chansons d’amour “si difficiles à écrire, mais si belles à chanter”, la variété. C’est bien simple : aucune fausse note n’est à déplorer au niveau de la set liste, équilibrée à souhait entre les chansons incontournables, les pépites en clin d’oeil à Serge Gainsbourg (“Vieille Canaille”) et les p’tites dernières qui font déjà bonne figure et s’écoutent en boucle dans la voiture (“Laisse le bon temps rouler”, “Avoir 16 ans aujourd’hui”)… Un pur régal que l’on savoure avec la chaire de poule à chaque intro et les paroles qui viennent en tête, presque machinalement. On les a tellement écoutées faut dire… Cerise sur le gâteau, Eddy agrémente son récital de quelques anecdotes et souvenirs : la première audition en octobre 1960, en présence de Louis Armstrong et de Quincy Jones, la rencontre déterminante avec Papadiamandis quatre ans plus tard, l’enregistrement du Cimetière des éléphants à New-York, etc. Le public lyonnais n’en perd pas une miette.

Une sortie par la grande porte Contrairement à un certain J.H., qui a visiblement fait la tournée de trop l’an passé, Eddy Mitchell reste, lui, le seul maître à bord de son navire, et on le respecte encore plus pour cela. Il annonce qu’il s’agit de sa dernière tournée et l’on devine qu’il aura l’honnêteté de tenir sa parole, par respect pour son public. Les paroles de la chanson “Come Back” sont limpides à ce sujet : “50 ans de chansons derrière moi, il n’est plus temps pour moi d’appuyer sur replay (…), je ne vous ferai pas le coup du come back à jamais”. De fait, Eddy quitte la scène par la grande porte, au sommet de sa gloire, devant des salles à guichets fermés. La grande classe jusqu’au bout.

Eddy, c’est un rocker qui, de Nashville à Belleville, nous a baladés un peu partout : sur la route de Memphis, en Louisianne, près du Rio Grande ; a été inspiré par les femmes (Alice, Daniela, celle avec ses yeux couleur menthe à l’eau et tant d’autres…). Je crois que je vais oublier de l’oublier en espérant qu’il ne rejoindra pas de sitôt le cimetière des éléphants… Salut “Vieille” Canaille, merci pour tout ce bon temps passé sur scène et je n’en dis pas plus : je crois que je vais craquer et je n’ai pas envie de rentrer ce soir…

Bruno “Sleepless”

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