Armelle est une veuve inconsolable, Loïc un séducteur incorrigible et cynique. Tous les oppose, et pourtant… Grâce à sa construction pour le moins originale et une plume inspirée, le second roman de Sophie Rollet fonctionne à merveille.

Quel point commun peut-il exister entre une enseignante vivant dans le souvenir de son défunt mari et un vendeur de panneaux solaires divorcé et coureur de jupons ? A priori, pas beaucoup… jusqu’à ce que la vie en décide autrement, prouvant ainsi que l’amour peut encore se frayer un chemin entre les souvenirs douloureux, la peur de souffrir et de s’engager à nouveau dans une relation amoureuse. Si ce constat n’est pas nouveau, c’est la forme du nouveau roman de Sophie Rollet qui séduit surtout. “Les ombres portées” reposent sur une habile et séduisante alternance de voix off à la première personne : au fil des chapitres, le lecteur se retrouve à tour de rôle dans la tête des deux personnages principaux, Armelle et Loïc. Petit à petit, il recueille ainsi les indices éclairant leur itinéraire respectif, découvre leurs états d’âme, leurs coups de gueule, leurs doutes, puis leurs sentiments.

Un style impeccable Mais il s’agit-là bien plus que de la “simple” chronique d’un nouvel amour annoncé. L’auteure aborde en effet avec justesse d’autres thèmes tout aussi sensibles tels que le deuil, la relation parents-enfants et même celui des sans papiers ! Pour ce faire, elle introduit plusieurs personnages et rebondissements qui renforcent l’intérêt pour ce livre et sa crédibilité. Avocate de métier, Sophie Rollet semble aussi à l’aise pour décrire ces mille et une complications de la vie quotidienne que pour briller au cours d’une plaidorie… Son style est impeccable. Nul doute que ses expériences de femme et de mère ont contribué également à nourrir son imaginaire. Finalement, Armelle et Loïc ont peut-être bien au moins un ou deux points communs. Outre une relation pour le moins particulière avec leur propre progéniture, c’est surtout leur parcours du combatant face à un défi de taille : croire à nouveau que le bonheur est à leur portée… À l’instar d’un voyage au bout du monde, ce roman prouve avec brio que ce n’est pas tant la destination finale qui prime, mais bien le chemin utilisé pour l’atteindre… “Les ombres portées”, de Sophie Rollet, aux éditions De Borée.

Bruno Sleepless

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