Rocky Balboa
de et avec Sylvester Stallone (ÉU, 1h42) avec Burt Young, Milo Ventimiglia...
Confit dans les derniers recoins du cinéma d'exploitation américain, Stallone nous ressort le personnage qui fit sa prime gloire pour un ultime baroud d'honneur. Il serait extrêmement tentant de tirer au bazooka sur ce qui ressemble à une ambulance cinématographique (on garde d'ailleurs une roquette de prête pour le futur Rambo 4). On peut en souligner les défauts criards à qui mieux mieux, se gausser des dialogues mal dégrossis et de l'usage abusif de la fameuse "suspension d'incrédulité" (il faut voir Rocky retourner à son avantage la Ligue de Boxe comme son propre fils, à l'aide d'une rhétorique carrément faiblarde). Mais, le moins qu'on puisse dire, c'est que la star bourrine déchue a procédé de la meilleure façon possible : avec humilité. Même si ce dernier élément a une fâcheuse tendance à verser dans une naïveté rédhibitoire, il reste troublant de voir Stallone se réapproprier cette icône (dont il s'est toujours servi comme un reflet de sa propre carrière) pour évoquer sa décrépitude artistique, sa solitude, et son lien indéfectible avec le public. Et se dépeindre, avec une lucidité douloureuse, comme un flamboyant has been, désireux d'en remontrer à ceux qui le raillent. La phrase revient à plusieurs reprises dans le film, la première qualité de Balboa, c'est de savoir encaisser. Une brute épaisse consciente de ses limites, dont le cœur gros comme ça absorbe toutes les cruautés proférées à son égard, qui demande juste une dernière chance de prouver à la masse bêlante que le besoin de vivre ses rêves jusqu'au bout est vital. Rocky Balboa, film passable mais sincère, mérite la déférence due à toute oraison funèbre. Ni plus, ni moins.François Cau