L'intemporelle

Intimiste, soyeux, chargé d'émotions, et à peine plus rock que les précédents, le cinquième album éponyme de Keren Ann est ample. Entretien avec l'artiste prochainement en concert à la Maison de la Musique de Meylan. Propos recueillis par SD

Petit Bulletin : Votre dernier album, s'il est plus rock, semble dans la continuité des précédents, c'est-à-dire très intimiste, un soin particulier est apporté au son, à l'atmosphère sonore et en plus il y a une structure dans l'ensemble même de l'album.
Keren Ann : Pour tout vous dire, après que l'album soit fait, on y voit la forme et on peut l'analyser. Mais d'abord, je voulais faire de la bonne musique. Dans mon cas, en général, je pars de l'idée qu'une belle chanson, c'est une mélodie, ce sont les mots auxquels je m'attache, et ce qui compte, c'est donner une forme physique qui correspond à la chanson. C'est-à-dire que l'environnement sonore, qui me ressemble, qui correspond à mon goût, à mes instincts de musicienne et de productrice soit différent de ce que j'ai déjà fait, sinon, ce n'est pas un challenge. Forcément, cela va créer une continuité dans le côté intimiste, ou par moment mélancolique, ou dans les côtés sombres du son ou de la production, mais c'est vrai aussi qu'avec chaque album, je fais autre chose.D'ailleurs sur ce dernier album, on perçoit plus l'éclectisme de vos influences.
Oui, je pense que là, je me suis permis de mélanger encore plus de choses. Je pense qu'en musique plus on fait d'albums, plus on connaît le son et plus ces possibilités nous permettent d'arriver à faire des expériences et des choses qui nous ressemblent.Votre écriture est poétique. Êtes-vous influencé par certains auteurs, ou par la littérature ?
Ce n'est pas cela qui influence directement ma musique. J'écris mes émotions, je ne peux pas parler de quelque chose que je ne connais pas, je peux avoir des airs, des ambiances, ou des sortes de sentiments, je peux lire une page dans un livre puis cela provoque quelque chose en moi, je ne suis pas directement - peut-être indirectement - inspirée par d'autres formes d'art en général. L'écriture correspond énormément à mes émotions. Parfois, l'histoire n'est pas forcément la mienne, mais l'émotion décrite dans la chanson, je la connais.C'est un album romantique, comme les précédents. Votre première source d'inspiration, est-ce l'amour ?
C'est toujours le cas. Après, dans un titre comme It's all lie, y a toujours une interaction, une espèce de relation, une dynamique entre les personnes. Mais parfois, cette histoire d'amour est une excuse pour la chanson. Parfois, c'est entre moi et un ami, parfois entre moi et une copine que j'ai pas vu depuis longtemps. Parfois, c'est une lettre. Souvent, effectivement, il y a un sentiment qui me lie à une autre personne. Et on peut appeler cela une histoire d'amour. Mais c'est parfois une excuse pour écrire une chanson. Parfois le message n'a pas de lien avec la relation racontée dans la chanson.La nature, la couleur, sont deux notions très présentes dans cet album. Vos musiques sont à la fois impressionnistes et dégagent beaucoup d'émotions.
Oui, je trouve qu'il y a un côté impressionniste, parce que les arrangements mélangent différentes textures, instruments, et c'est toujours agréable de jouer avec cela, de rendre la peinture un peu plus expressive. Tout en laissant des sentiments. Moi, je suis touchée par une forme d'art qui est mélancolique, qui a des sentiments, après peu importe son aspect physique, c'est-à-dire que cela peut être porté par du rock comme chez Queen of the Stone Age. À partir du moment ou l'on décide de créer, de se mettre dans un langage artistique, il faut qu'il y ait de l'émotion.Vous parliez de Queen of the Stone age. Vous avez travaillé sur cet album avec Joe Baressi, producteur de ce groupe. Que vous a apporté cette collaboration, en plus de la touche rock ?
Je suis allée le voir, l'album était déjà fini. J'avais un album féminin, doux avec des arrangements rock qui ne se ressentaient pas. Lui, avec son travail de sonorisateur, de mixeur il a réussi à porter un côté plus osé, plus masculin, que je perds quand je fais la production. J'avais besoin de ses oreilles, de son regard, de sa relecture plus physique de l'album. Il a apporté cette étape sonore.Pourriez-vous vous abandonnez à l'univers d'un autre musicien ?
Sincèrement, cela ne m'intéresse pas. Ce qui est le plus amusant dans la musique c'est composer, écrire, produire, créer, après le reste... Chanter, c'est agréable quand on a des choses à dire. Je chante parce que j'écris, j'ai besoin d'une voix pour dire ce que j'ai à dire.C'est une manière de vous sauver ?
Non. Je suis une fille très équilibrée, saine, c'est juste ce que j'aime faire. Pour me sauver, j'ai besoin d'être en équilibre, d'avoir une vie avec une structure, de contribuer à cette vie, de faire de la musique.Y a t-il une vision spirituelle dans cet album ou Dieu est évoqué à plusieurs reprises ?
Je ne dirais pas spirituelle, car je suis cartésienne, mais Dieu est dans la musique un repère. La croyance, peu importe, on a tous besoin d'avoir une forme de croyance sans parler de Dieu. Pour moi, c'est un aspect musical. La croyance, dans ma vie de tous les jours n'existe pas, même si j'adore la tradition, mais dans la musique, il y a une démarche spirituelle parce que je la sens.Comment jouez-vous l'album sur scène ?
En trio, basse, batterie, guitare. Une autre partie avec trompette. C'est très différent de l'album.Keren Ann. ven 2 nov à 20h30, à la Maison de la Musique de Meylan

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