«L'état de spectateur est interrogé»

théâtre / Éclairages de Sarah Douhaire de la compagnie 26000 couverts sur “Beaucoup de bruit pour rien”, un spectacle ludique et incisif questionnant le théâtre et notre manière de l’aborder, de le penser. Propos recueillis par Séverine Delrieu

Petit Bulletin : Sur quelle base s’est créée la compagnie les 26000 couverts ?
Sarah Douhaire : La compagnie a 14 ans d’existence. Au départ, Pascal Rome et Philippe Nicolle - qui avaient chacun leur compagnie - se sont retrouvés sur des bases d’exploration de lieu de théâtre, qui ne sont pas des théâtres. Ils ont fait un premier spectacle, puis ce spectacle marchant, 26000 couverts a été créée. Puis en 99, Pascal Rome a décidé de prendre le large. Philippe Nicolle est resté seul à la direction de 26000 couverts.Pourquoi jouer en dehors des théâtres ?
On veut toucher un public populaire dans le bon sens du terme. À la fois jouer sur le vrai et le faux ; le réel et la fiction. Avoir des spectacles qui sont festifs et théâtraux, car on veut garder un vrai regard artistique. L’échange avec le public, la parole, nous semble également important, ainsi que le regard porté sur la société. On a fait un spectacle qui s’appelait Direct sur la télé. Puis, Le Premier championnat de France de n’importe quoi était sur le sport. On peut être dans l’analyse de la chose mais pas du tout dans la critique ou la moquerie. Par exemple ce Championnat, cela s’est fait dans le respect du sport. Cela permet que le public ait un autre regard sur nos règles de société. À chaque spectacle, c’est un virage, à chaque spectacle il y a une nouvelle réflexion, une nouvelle forme. À la Rampe, on avait joué Les Tournées Fournel, un spectacle en caravane, en plein air, avec un petit théâtre où l’on racontait l’histoire d’une famille qui se mettait à faire du théâtre pour reprendre les textes du grand-père. À travers cette histoire, on réfléchissait aux pratiques amateurs et professionnelles du théâtre. Avec Beaucoup de bruit pour rien, on assiste à une réflexion sur le théâtre. À chaque fois, on se met en danger sur des nouveaux sujets, de nouvelles formes, de nouveaux lieux.Beaucoup de bruit pour rien, c’est un hommage paradoxal à Shakespeare…
Oui. Mais sans moquerie là encore. Ni vouloir dire au public ce qu’il doit penser. D’abord, on interroge le spectateur sur sa position. Il voit quelque chose auquel il ne s’attendait pas. On l' emmène dans une réflexion. L’état d’être un spectateur est interrogé quasi sur chaque spectacle. On est dans l’interrogation jusqu’aux limites : pourquoi les gens restent, qu’est-ce qui les fait rester ?C’est la première fois que la compagnie travaille Shakespeare.
C’est la première fois que l’on se retrouve avec un texte classique. Et on l’a travaillé en tant que tel. Lors des deux premières résidences de création, on s’est dit : «pour alimenter cette histoire, il faut qu’on ait en tête un spectacle commun», donc on a travaillé le texte. Beaucoup de bruit pour rien
les 25 et 26 à 20h, à l’ancienne mairie d’Échirolles
le 27 à 20h30, à l’Amphithéâtre (Pont de Claix)
les 28 et 29 sept à 20h, à l’Hexagone (Meylan)

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