Soirée / De passage à la MC2 ce samedi, le talentueux DJ Detect a bien voulu répondre à nos questions.
Propos recueillis par Damien Grimbert
Tes débuts dans la discipline ?Detect : J’avais un groupe de hip-hop avec mon cousin en 1995, et j’ai commencé à découvrir un peu la scène indépendante new-yorkaise de l’époque, avec les débuts de labels comme Fondle’em, qui a sorti les premiers disques de MF Doom, Arsonists, Cage et pleins de mecs qui, au final, n’auront sorti qu’un maxi dans leur vie. Les hasards de la vie m’ont fait rencontrer DJ Fab, Fuzati, Orgasmic à peu près à la même période en 98/99. Et j’ai fait mes premiers DJ-set au Batofar à Paris, lieu qui a vu l’émergence de toute cette scène hip-hop avec TTC, La Caution, James Delleck, Klub des Loosers, Triptik, etc… J’ai rencontré Hi-Tekk et Nikkfurie à cette époque via DJ Fab et la collaboration sur Asphalte Hurlante, leur premier album, s’est faite comme ça. On fait une petite tournée pour la sortie du disque en 2001.Tu collabores à un nombre impressionnant de projets : si on ne présente plus le Klub des Loosers et le Klub des 7, peux-tu me dire quelques mots sur Metalcrabs, Langage Computer, Tiebreak, et leurs orientations musicales respectives ?Metalcrabs est mort-né en 2001 avec Orgasmic et DJ Fab. On a dû faire 4 soirées ensemble au final, et un ou deux morceaux. C’était trop compliqué, on avait chacun nos projets personnels. Langage Computer est un projet électro que j’avais avec John Bloug. On a sorti un album en 2004, et on a un deuxième disque dans notre placard depuis 1 an. Tiebreak est orienté rock, on est deux avec Leatherette, on mixe, on fait des morceaux. Quand je joue avec Tiebreak, je joue beaucoup de garage punk.À l’exception de quelques morceaux, tu n’as pas encore produit grand chose en solo. Tu te sens plus à l’aise pour travailler aux côtés d’autres personnes ?Non c’est juste que je fais de la musique pour moi avant tout. Je ne cherche pas à la vendre. Si ça peut sortir et plaire à des gens, c’est encore mieux, mais je n’ai jamais démarché un label. C’est à peine si je fais écouter mes morceaux à des amis. Depuis 3 ans, c’est un peu différent, on commence à me demander, donc je fais plus facilement circuler ma musique.Tu t’apprêtes d’ailleurs à sortir deux maxis différents…Bande à Part est un 45t comportant 7 petits morceaux instrumentaux, dont un avec Fuzati qui s’appelle Roulette Russe. Ça va sortir sur le label Corso Fleuri fin juin. On m’a dit que ça sonnait très 70’s, donc voilà. Dance Division est un maxi électro/techno sur Mental Groove. Il comporte Dance Division, une version revisitée et 2 remix, de Yuksek et d’un Anglais qui s’appelle Blende.Ta dernière mixtape, Photomaton, a reçu un excellent accueil. Une autre est-elle en préparation ?Je sais pas trop. Photomaton était plus qu’une mixtape. Il y avait 70% de morceaux inédits, ce n’était pas qu’un simple mix. C’est quand même chiant à faire dans le sens où tu passes la majeure partie de ton temps à y penser, à demander aux artistes que tu connais un morceau en exclusivité… C’est pas dans mes priorités disons, mais une suite est prévue oui.Tu es grosso modo connoté, « DJ électro avec un background hip-hop », mais tu tiens parallèlement un blog consacré au garage rock…Je n’aime pas les connotations, ni les étiquettes. Ça m’a toujours emmerdé. Je n’ai jamais eu ce rapport avec la musique. J’ai toujours écouté pleins de styles musicaux. À 10 ans, je faisais du skate comme un fou avec ma planche Powell Peralta et j’écoutais Nirvana et les Pixies. Quand j’ai eu mes premières platines et que le scratch m’intéressais, je suis allé vers le hip-hop. Plus tard j’ai découvert Daft Punk, Aphex Twin, Autechre et j’ai commencé à intégrer des morceaux électro dans mes sets hip-hop. Les gens sont toujours étonnés qu’on puisse aimer du punk, du hip-hop et de la techno. Ce blog garage c’est comme ma musique, je le fais pour moi avant tout. J’aime bien me plonger dans l’univers d’un groupe et essayer d’en ressortir son histoire dans l’esprit de l’époque, où tout restait à inventer. Des groupes comme Creation, Tomorrow ou Remains faisaient preuve d’une créativité sidérante. Leurs concerts étaient d’une sauvagerie folle.Qu’est ce qui t’enthousiasme, et qu’est ce qui te saoule dans la musique en2007 ?Pour être honnête, rien ne m’enthousiasme vraiment depuis un moment. Encore moins en 2007... Le renouvellement des genres est très souvent foireux dans la musique. Depuis les années 50, chaque décennie a vu se créer plusieurs courants musicaux majeurs (pop, punk, garage, psychobilly, new wave, techno etc…). La grande révolution des années 2000 c’est le revival... Ça craint. Même à la télé, ils ne font plus que des programmes basés sur la nostalgie des années 80. Les groupes qui font du neuf avec du vieux de manière intelligente se comptent sur les doigts d’une main. En hip-hop, il ne se passe rien depuis 5 ans, en musique électronique, il n’y a rien de vraiment sexy. Les seuls mecs qui arrivent toujours à me surprendre sont SebastiAn et Mr Oizo.Soirée Loosers Party avec DJ Detect et Je déteste la musique le 16 juin au Bar MC2Playlist commentée DJ Detect- Black Lips « Not A Problem » (2005)Ce morceau est un hymne, on y retrouve l’essence même du garage 60’s- The Rapture « House of Jealous Lovers » (2003)Un des groupes majeurs des années 2000. Un peu comme si ESG avait fait du punk.- Devo « Gut Feeling » (1978)Groupe culte, morceau mythique, émotion intacte.- Run DMC « Beats to the Rhyme » (1987)Meilleur morceau hip-hop de tous les temps- Juan Atkins « Cosmic Cars » (1982)Ce morceau date de 1982... C’est dingue.
