Retour à l'Europe

Origines / Paul Verhoeven est enfin de retour, au sortir de six années à chercher des financements et à peaufiner cette épopée traumatique dans les moindres détails. Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’attente en valait la peine. François Cau

La genèse de Black Book remonte à la pré-production de Soldier of Orange (1977). Pour donner le plus d’efficacité possible à l’autobiographie d’un héros sanctifié de la Résistance Hollandaise, Verhoeven et son scénariste Gerard Soeteman amassent une somme colossale d’informations. Engoncés par la narration linéaire (et manichéenne malgré elle) du roman original, ils mettent sous le coude quantité de pistes sur l’ambivalence de cette époque troublée, dont la Hollande garde un souvenir particulièrement douloureux. En revenant sur cette période, le but de Verhoeven n’est pas de gratter la plaie pour le seul plaisir de la douleur. S’il exorcise quelques démons insatiables au passage (enfant, il fut témoin de nombreuses exactions nazies), le cinéaste a bel et bien un dessein cinématographique en tête : en remontrer à Hollywood en termes de divertissement de qualité. Le film sort, se fait démonter par la critique nationale (qui conchie le réalisateur depuis Turkish Delight) et rencontre un succès poli, avant d’être remis en selle par sa nomination à l’Oscar du Meilleur Film Étranger. Mais Verhoeven et Soeteman n’ont pas encore fait le tour du sujet, et gardent en tête le récit d’un héros juif, seul survivant du massacre des siens, intégrant la Résistance.Back in blackSoldier of Orange, au-delà de ses qualités cinématographiques indéniables, aura eu un rôle moteur dans la carrière de Paul Verhoeven – lui permettre d’aguicher le cinéma américain et de décrocher un ticket pour l’autre côté de l’Atlantique, si les choses tournaient court dans son pays natal. Ce qui mit six ans à arriver : après Le Quatrième Homme, digression ironique dans sa filmo, il tourne La Chair et le Sang, l’une des fresques médiévales les plus convaincantes jamais tournées. Déclaration solennelle de sa carrière hollywoodienne, de bruit et de fureur. Aux USA, l’histoire se répète : Verhoeven se met le public et le métier à dos avec Showgirls, puis Starship Troopers, deux attaques en règle du rêve américain. Redevenu la chose des studios, il tourne l’impersonnel L’Homme sans Ombre, où toutes ses idées un peu séditieuses sont rejetées. Mais entre temps, il a trouvé l’idée qui lui permet de concrétiser le projet qui allait devenir Black Book : changer le sexe du personnage principal. Il contacte Gerard Soeteman, et le scénario est prêt en 2000 ; il mettra six ans à se monter en coproduction avec la Hollande, la Belgique, l’Allemagne et l’Angleterre.

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