L'harmonie fait des couacs

Théâtre / Parler de Nuit d’Harmonie s’avère délicat. Car si la lassitude s’installe brièvement, certaines scènes viennent la rompre aussitôt. Malheureusement une mise en scène faiblarde, desservie par une direction d’acteur molle noie l’ensemble. Pourtant, tout avait bien débuté : une bande de musiciens, anciens employés d’une usine de viscose qui faute d’un soi disant manque de “rentabilité” a fermé boutique, se retrouvent pour jouer dans le lieu symbolique de la gare désaffectée. Guillerets, les musiciens-comédiens-chanteurs de l’harmonie déposent des banderoles de viscose sur l’avant-scène. L’image sobre, délicate procure aussi l’espoir d’un bon spectacle. Mais cette scénographie pourtant efficace, ne sera plus utilisée dans le jeu. Et tout est à l’image de ce détail : de bonnes idées surgissent mais rien n’est développé jusqu’au bout. Le texte écrit par Eugène Durif, inspiré d’un fait réel, donne la parole à des personnages en lutte pour être dans la vie en jouant, en échangeant sur leurs souvenirs qui remontent mêlés de peines, de moments doux, d’amour, et en évoquant les problèmes de la mondialisation actuelle. Sa langue alterne entre gouaille populaire et poésie légèrement surannée. On suit les échanges avec plaisir même si la fluidité manque cruellement entre les saynètes. La scène des experts vaut cependant le détour : arborant cravates ridicules, les comédiens se passent le micro pour singer à merveille ces commerciaux qui croient tout savoir et tout pouvoir décider. Maria, interprétée par Véronique Segalat est émouvante en femme convaincue. On sent aussi d’autres potentialités mais mal exploitées comme celle du personnage incarnant l’inévitable raconteur d’histoires qui avec son jeu naturel et décalé réussit à nous faire rire. Enfin, une phrase juste lancée par Stéphane, «avant je parlais pour changer le monde, aujourd’hui je parle pour que le monde, lui ne me change pas», résonne longuement et nous émeut. Séverine DelrieuNuit d’harmonie par Takiya, Tokaya ! Théâtre au Cinéthéâtre de la Ponatière du 10 au 28 mai 20h45, dim à 19h. (relâche le lundi)

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