Musique / Vraie bonne surprise, le deuxième album de Camille a bénéficié sans aucun doute du plus bel accueil 2005. Témoin ce prix Constantin, récompensant les nouveaux artistes marquant l’année, qu’elle ira chercher la veille de son passage à Grenoble. Car la demoiselle de 27 ans a déboulé avec “le” truc qui a poussé pas mal de monde à se pencher sur son cas. Une voix déjà remarquée pour son premier album (Le sac des filles) et ses apparitions aux cotés de Murat, Magic Malik ou encore sa présence sur la compilation Nouvelle Vague – (projet de relectures réussies de standards new wave) ; Le fil lui a ouvert toute grande les portes de la notoriété. Une presse unanime et Ta douleur qui tourne très vite en radio. «Lève-toi c'est décidéLaisse-moi te remplacerJe vais prendre ta douleur»... Une toile de fond de rupture enrobée dans une soul blanche au canevas étrange. Et lorsqu’on tire sur le fil, la surprise est de taille. L’album porteur du single se révèle être un disque concept essentiellement vocal, bâti sur une note bourdon revenant comme un leitmotiv sur quinze plages. Human beat box, cris, chants, râles en tous genres empilés habilement avec quelques instruments. Rien de démonstratif, un piano, une contrebasse et 23 accessoires. Un labyrinthe bâti sur une poésie enfantine, à la fois grave, un peu frappée, voire décalée. À l’image de ses promos télé, prétextes à de prudents exercices de ses interlocuteurs déroulant son CV ; juste avant qu’elle ne se lance en compagnie de 2 acolytes, dont un Saïan Supa Crew, dans l’interprétation de Ta douleur a cappella et sans filet. Le passage au lycée Henri IV et à Sciences Po semble lui aussi forcer le respect et l’attention : une chanteuse qui pense, qui a une conscience comme une démarche artistique radicale et talentueuse. Visiblement ça surprend tout le monde. Ça laisse songeur sur les habitudes de recrutement. Arnault BreysseCamille le 24 novembre à 20h30, au Grand Théâtre de la MC2Album : “Le Fil” (Labels)
