Infos / Le printemps s’annonce définitivement orageux pour La Boum, dont les chaleureuses initiatives (contre)culturelles se heurtent au même mur glacé d’indifférence institutionnel. Projections tous les dimanches (avec des cycles consacrés à Werner Herzog, Martin Scorcese, Jim Jarmush…), week-ends thématiques (dont les traumatiques 24h du Costes), concerts impromptus… En l’espace de quelques mois, le crew de la Boum, qui squatte depuis décembre au 20 rue Marceau un bâtiment inoccupé de la ville de Grenoble, a distillé une vague rafraichissante de contre-culture ouverte et accessible à tous, comme Grenoble en avait peu connu depuis plusieurs années. Centre névralgique du label de musique gratuite en ligne 1985 Records, et terre d’accueil de nombreuses assos (dont la bande de vidéastes mystiques Youth Industry, qui devrait y tourner l’une des scènes de son nouveau film), le lieu, dont l’état d’esprit DIY décomplexé rappelle en plus d’un point celui du défunt Mandrak, s’annonçait comme l’endroit idéal pour l’épanouissement d’une squat culture différente, où têtes de mort en latex et cyborgs atomiques tranchent agréablement avec le premier degré militant disponible un peu partout ailleurs. Au-delà de l’ironie (involontaire) de la formule, on ne peut donc que regretter l’invitation faite par la préfecture de l’Isère au collectif à «rechercher un autre Squat» (sic), qui devrait se concrétiser par une expulsion imminente avec concours de la force publique dans les jours qui viennent. Après une mémorable “Boum de soutien” dimanche dernier, La Boum accueillera (si possible) encore un week-end entier de projections dédié à la Youth Industry (avec l’ultime projection des 6 Dreads de l’Enfer, les premières images de Burn Paris Burn, et une invasion de vidéoclips) couplé à une kermessebarbecue le samedi midi, et une énorme boum le samedi soir. Soit l’occasion idéale de mettre le feu à son cerveau, tout en soutenant un lieu dont on aimerait vraiment qu’il ait un futur.DG
