De l'art de la propagande…

Expo / Durant tout le mois de mai, le centre du graphisme d’Echirolles revient sur l’histoire européenne à travers un siècle d’affiches politiques. S’il existe donc une vraie volonté de mise en perspective historique de ces affiches, l’exposition reste cependant centrée sur l’image. VeV

Organisé par thème, le parcours laisse en effet beaucoup de liberté aux images pour qu’un dialogue s’instaure entre elles. Ainsi en va-t-il des représentations allégoriques. Chacune personnifie un pays, une époque. Toutes racontent une histoire différente, telle la Marianne de Jean Eiffel. Datant de 1968, elle s’élève dans un style très bande dessinée contre une décision gouvernementale d’imposer un rectangle blanc à la télévision. À ses côtés, d’autres figures féminines très stylisées se mettent au service de causes différentes. La plus courante est celle du combat idéologique : pour une victoire du progrès socialiste, contre la menace bolchevique. Pour cela, les graphistes ont eu recours à différentes symbolisations dont la plus présente est celle de la main. Baissée, levée ou fermée, le poing dressé, cette main se fait tour à tour menaçante, comme dans cette affiche britannique lancée par les conservateurs contre la “menace” travailliste, ou porteuse d’espoir, rassemblant derrière elle une foule esquissée, en marche vers le progrès. Elle symbolise aussi la réconciliation, dans une épure du sens, loin d’un début de siècle plus enclin à l’illustration. Mais évoquer une fracture stylistique en opposant début et fin de siècle serait une erreur grossière. revendication esthétiqueAinsi suffit-il de s’attarder sur cette affiche de 1936, due au graphiste Augusto. Influencé par le Bauhaus, l’artiste espagnol utilise le collage photographique et lui donne une forte dynamique pour la mettre au service de son propos. L’on s'aperçoit ainsi que des innovations graphiques ont lieu à chaque époque. Les années vingt voient apparaître un crayonné très sombre où le dessin s’organise en masse, tel qu’on peut l’observer dans une affiche allemande où le danger bolchevique s’apparente au King Kong cinématographique. Les années trente restent, quant à elles, celle de l’art déco et de la géométrisation des figures. Dans les années cinquante et soixante apparaît la technique de solarisation qui gomme les traits pour ne laisser que l’esprit de l’affiche. On en revient alors à une certaine allégorisation de la pensée comme le montre la très belle affiche polonaise Partia de 1964. Représentant un militant ouvrier, elle confère à son personnage par une certaine épure l’aura d’un héros romantique. L’on voit donc les affiches politiques utiliser les innovations graphiques pour mettre en avant leur propos. L’esthétique devient une arme de la revendication. La simple photo noire et blanche d’un jeune garçon japonais d’où se détache le simple lettrage "Little boy" vaut ainsi tous les discours contre le nucléaire par la force qui se dégage de l’image, par la toute simple symbolisation du propos. En progressant dans le siècle, on regarde aussi évoluer les préoccupations. Le combat contre la guerre et les fascismes, pour un meilleur monde, remplace la traditionnelle opposition des idées socialistes et libérales. Et l’on constate qu’en se dégageant des grands thèmes des politiques propagandistes, la parole des graphistes se libère des pressions idéologiques et aborde des thématiques plus sociétales, nous rappelant que la société doit rester au cœur de la politique. Un combat, des symbolesaux Moulins de Villancourt jusqu’au 29 mai

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