Rock around the Doc

Zoom / Le premier sujet de rockumentaire stricto sensu n'est autre que Bob Dylan, dans Don't look back (1967), film qui suit sa tournée anglaise de 1965 aux côtés de Joan Baez et Donovan. Mais les sujets documentaires les plus cinématographiquement féconds seront les Rolling Stones. Tout d'abord par les expérimentations de Jean-Luc Godard dans son Sympathy for the Devil, relativement hors sujet ici, puis dans le Gimme Shelter des frères Maysles. Pour un concert commun à Altamont en 1969, les Stones et les Jefferson Airplanes engagent des Hell's Angels pour s'occuper de la sécurité, bilan : bastons, coups de couteau, et au moins un mort. Le film alterne images lives, scènes de violence, rappels à l'ordre inefficaces de Mick Jagger et Grace Slick, plans de jeunes défoncés, impuissance des Stones devant les rushs du concert. Encore plus fort, Robert Frank, légende de la photo américaine, suit les Stones pendant leur tournée de 1972, et livre un montage tellement "honnête" que le groupe refuse encore aujourd'hui de le voir diffusé. Came, orgies de groupies et déliquescence artistique (Brian Jones est mort trois ans plus tôt), Cocksucker Blues, via sa rareté, fait l'objet d'un culte chez les amateurs du genre et définit même sa charte : le rockumentaire s'immisce au cœur des excès créatifs pour mieux faire apprécier son aboutissement scénique. Les Who se livreront dans The Kids are Alright (1979), les Talking Heads dans l'excellent Stop Making Sense de Jonathan Demme (1984), les Sex Pistols devront attendre The Filth and The Fury de Julian Temple (2000). Le dernier rockumentaire mémorable (en attendant le End of Century consacré aux Ramones) reste Some Kind of Monster, film sur l'enregistrement de l'album St Anger de Metallica. Qu'on apprécie ou déteste franchement leur musique, le film demeure "fascinant" : tandis que leur meneur part une énième fois en désintox, le reste de la formation doit suivre une thérapie de groupe pour continuer à bosser ensemble... Le film inquiète surtout sur l'avenir de ses membres plus que du groupe en lui-même, et finit par lorgner involontairement du côté du sublime Spinal Tap de Rob Reiner. Inventeur d’un nouveau genre (le “mockumentary”, auquel peut se rattacher également le sympathique The Rutles d’Eric Idle), le film suit sous la forme d’un docu plus vrai que nature la dernière tournée de Spinal Tap, groupe fictif et grandiosement opportuniste, dont le film dépeint les égarements jubilatoires, entre humour irrésistible et pathétique franchement émouvant. FC

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