Rien ne sera comme avant

Requiem / C'est avec une tristesse infinie que nous avons accueilli la nouvelle : le concert du 29 avril sera le dernier donné par le groupe Jull. Retour amer sur un artiste majeur, dont la formation aura marqué à sa discrète façon la scène locale. FC

Je me souviens de la découverte au show-case du Magic Bus justement, pour la sortie d'un premier album qui use encore mes platines, La Bataille du Ventre. Très vite, j'ai adoré ces neuf compositions atypiques, d'une cohérence implacable, drainant un spleen mélodique systématiquement contrebalancé de textes frôlant déjà le sublime (Ne croyez pas, White Spirit, Les vacances de James Dean...). J'assume avoir voulu en savoir plus, au point d'enchaîner avec le chanteur-parolier Julien Brotel une série de déjeuners-pizzas hebdomadaires, au même Magic Bus. Je me rappelle de timidités respectives s'effaçant lentement, de la révélation d'un artiste précieux, déjà conscient de ne pas trop être à sa place dans le contexte musical actuel. Je confesse avoir apprécié la pièce Etre sur Terre et ce que j'en Retiens (donnée au Rio il y a plus de deux ans) pour l'écriture d'Alexandre Lacroix mais surtout pour sa bande originale signée Jull, superposition virtuose des textes originaux et de déambulations intimes. Ne croyez plusFocalisé sur ma fascination pour le chanteur, j'admets m'être tapi dans l'obscurité de concerts de Zygoma ou de Maczde Carpate rien que pour y ré-entendre ses participations en live. À chaque concert du groupe Rien, j'attends avec impatience le morceau Stare Mesto, dont les paroles sont peut-être son chef-d'œuvre. Au-delà d'affinités personnelles de plus en plus marquées, je me souviens avoir été soufflé par la première mouture du nouvel opus de sa formation, le magnifique De la Neige et des Océans, pestant régulièrement contre les obstacles incessants retardant ad vitam sa diffusion. Je regrette d'avoir ressenti une certaine fierté imbécile en le voyant s'emparer avec brio des premières parties de Dominique A et de Pierre Bondu, avec sa nouvelle formation. Considérant le seul argument artistique, et non la dizaine d'année écoulée sans reconnaissance des professionnels de la profession (qui n'arrivent toujours pas à comprendre que sa musique ne se rattache à aucun courant prédéfini), les impasses, les silences pesants, bref, le cirque de l'industrie du disque, je lui en ai presque voulu lorsqu'il m'a annoncé vouloir arrêter pour ces raisons (et d'autres qui lui appartiennent). Par pur égoïsme, parce que l'amour que je porte à sa musique est trop grand pour ne pas être partagé.

pour aller plus loin

vous serez sans doute intéressé par...

Mardi 17 octobre 2023 L'édito du Petit Bulletin n°1221 du 18 octobre 2023.
Mercredi 6 septembre 2023 C’est littéralement un boulevard qui s’offre au cinéma hexagonal en cette rentrée. Stimulé par un été idyllique dans les salles, renforcé par les très bons débuts de la Palme d’Or "Anatomie d’une chute" et sans doute favorisé par la grève affectant...
Lundi 24 avril 2023 Le secteur culturel grenoblois s’empare, depuis peu mais à bras-le-corps, du sujet épineux de la transition écologique. Mobilité des publics, avion ou pas avion pour les tournées des artistes, viande ou pas viande au catering, bières locales ou pas...
Lundi 13 février 2023 Dans la catégorie humoriste nonchalant, on demande le pas encore trentenaire Paul Mirabel, drôle de Zèbre (c’est le nom de son spectacle) qui cartonne depuis (...)
Lundi 16 janvier 2023 Trois soirées électro à Grenoble pour faire bouger tes nuits : Ed Isar le 24 janvier à la Bobine, Umwelt le 27 janvier à l'Ampérage et une Semantica Records night le 28 janvier à la Belle Électrique.

restez informés !

entrez votre adresse mail pour vous abonner à la newsletter

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X